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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 15:14

J'ai assisté récemment à une réunion au cours de laquelle on a souvent répété que les jeunes, en majorité, souffraient de la précarité de l'emploi, qu'ils étaient une génération perdue, que cela expliquait les incivismes, les délinquances, etc. Depuis, j'ai discuté de cela avec plusieurs interlocuteurs de diverses origines sociales et professionnelles, de plusieurs générations.Et j'ai vu dans la presse de nombreuses considérations allant dans le même sens. Naturellement, on fait toujours référence à la crise, ou aux crises, pour expliquer ces phénomènes.

 

Il me semble que, depuis déjà une trentaine d'années, cette précarité est devenue un état "normal" pour les jeunes et que les politiques publiques, de droite comme de gauche, n'ont fait que la renforcer et la rendre permanente. Le "traitement social du chômage", marqué par d'innombrables mesures d'emplois aidés qui ciblent généralement surtout les jeunes, le statut d'intermittent du spectacle, les essais successifs de créer un SMIC jeunes ou des contrats d'insertion spécifiques sous des noms très divers, tout cela a confirmé, dans l'esprit des jeunes comme de l'ensemble de la population, que l'entrée dans la vie adulte passait inévitablement par une période de précarité.

 

Dans le même temps, la culture des jeunes changeait extrêmement rapidement, s'adaptant à leurs conditions objectives d'existence. D'une part, l'influence de l'évolution de la société en général - consommation, société de loisir, individualisme, sexualité - renforçait chez les jeunes l'idée qu'il fallait privilégier une recherche du bonheur qui ne pouvait se trouver ni dans le travail, ni dans la vie familiale. D'autre part, l'entrée dans un monde de communication virtuelle et l'apparition de nouveautés attrayantes (de la musique aux pratiques à risque) éloignait les jeunes des vieux concepts porteurs de conformisme social.

 

J'entends souvent parler de jeunes - qualifiés ou non - qui ne travaillent que lorsqu'ils ont besoin d'argent pour satisfaire leurs besoins immédiats, la subsistance quotidienne, un voyage, l'achat de shit ou de boissons diverses, des vêtements, et qui dès qu'ils ont épargné suffisamment, cessent de travailler pour pouvoir consommer à leur guise. On est loin du "boulot stable" pour la vie, ou du mariage également pour la vie, ou de la poursuite d'un projet personnel ou professionnel à long terme.

 

Il ne sert à rien de s'en indigner, ou de chercher à revenir à un état antérieur. Même si cela nous paraît inconfortable, même si la vie sociale en souffre, nous devrions plutôt essayer de reconnaître la "normalité" de cet état de choses et de penser à l'avenir de ces jeunes quand ils ne seront plus jeunes: dans le système actuel, ils arriveront à la vieillesse avec un minimum de ressources, puisqu'ils cotisent peu et tard pour leur retraite et que ces retraites elles-mêmes seront sans doute précaires; ils seront de plus en plus seuls, les relations virtuelles n'étant guère efficaces du point de vue de la solidarité concrète. Leurs modes de vie devront à nouveau changer. Comment les aider à s'y adapter ?

 

Il y a évidemment de très nombreuses exceptions et les jeunes militants, politiques, religieux, solidaires, comme les jeunes professionnels qui construisent leur carrière, sont très loin de cette normalité, même s'ils en partagent certains traits culturels. Mais ils ne peuvent constituer un modèle.

 

Que faire ?

 

HdV

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commentaires

C
Mon Blog(fermaton.over-blog.com),No-8. - THÉORÈME LAST. - TOUT EST PRÉCAIRE ?
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