Jusqu'à ces dernières années, la coopération internationale dans le domaine du patrimoine se faisait surtout dans le cadre multilatéral de grandes organisations, UNESCO, ICOM, ICOMOS et leurs structures spécialisées, ou bien entre grandes institutions à titre bilatéral, par exemple pour la préparation d'expositions ou la mise en œuvre de programmes de recherche. Tout cela prenait du temps, suivait des protocoles bien établis et nécessitait des financements plus ou moins importants, en général publics.
Depuis quelques années, l'arrivée de nouvelles technologies de communication et leur maîtrise par des organismes ou des groupes locaux, accélérée par la pandémie et divers épisodes de confinement, ont entraîné des changements spectaculaires dans les relations entre professionnels de la culture, du patrimoine, de l'environnement, et aussi entre ces professionnels et les acteurs locaux, souvent volontaires et militants, qui se sont affranchis des contraintes administratives et même financières pour inventer de nouvelles formes de collaboration et de coopération.
Personnellement, même si je suis plus actif dans le domaine du développement local, du patrimoine et de l'action communautaire, j'ai pu constater, à plusieurs reprises, parfois en y participant à la marge, la richesse de ces initiatives qui, je crois, ouvrent des perspectives et des chemins porteurs d'avenir, même lorsqu'ils sont loin des schémas classiques, tels que j'ai pu les vivre dans mes vies antérieures.
Je vais prendre quelques exemples, peut-être imparfaitement connus et diffusés, mais qui méritent d'entrer dès maintenant dans le panorama de la coopération internationale.
La plateforme Drops
Cette plateforme a été créée en 2017 à la suite du Forum International des écomusées et musées communautaires qui s’est tenu à Milan en 2016. Elle est gérée par une équipe du réseau des écomusées italiens, autour de Raul Dal Santo. Elle recueille et diffuse des informations, des projets et des idées, en italien, anglais, espagnol et français. Sur une base entièrement volontaire, elle accroît sans cesse son audience et son rayonnement.
https://sites.google.com/view/drops-platform/home
Le programme Distanti ma uniti. Ecomusei e musei comunitari di Italia e Brasile
Ce programme est l'aboutissement d'un long processus de rencontres et d'échanges entre des membres du réseau des écomusées italiens et des membres de l'Association Brésilienne des écomusées et musées communautaires (ABREMC). La pratique des visioconférences introduite par la pandémie, faisant suite à des rencontres physiques depuis 2011, a rendu possible d'abord l'établissement d'un programme de travail de cinq ans, à partir de 2020, donc en pleine pandémie, puis la mise en œuvre des différents thèmes de ce programme. La troisième rencontre a eu lieu en octobre 2022.
https://www.youtube.com/watch?v=rcYLO6l5Efs
Le programme de colloques virtuels "Tower of Babel - museum people in dialogue"
Il a été de résultat de la rencontre et de la collaboration de deux activistes de la nouvelle muséologie, Manuelina Duarte des Universités de Goias (Brésil) et de Liège (Belgique) et Giusy Pappalardo de l'Université de Catane (Italie), co-fondatrice de l'écomusée de la vallée du Simeto en Sicile. De février à juin 2021, elles ont organisé une dizaine de colloques en visioconférences, ouverts à des acteurs de terrain et à des chercheurs de plusieurs pays européens et latino-américains. Les contributions viennent d'être publiées.
https://icofom.mini.icom.museum/new-publication-babel-tower-museum-people-in-dialogue/
La Red de
C'est une initiative beaucoup plus ancienne, remarquable par sa durée et ses méthodes de travail, à partir d'un programme gouvernemental mexicain de musées communautaires, qui s'est étendu de façon militante, dès les années 2000, à de nombreux pays - Bolivie, Venezuela, Panamá, Costa Rica, Nicaragua, El Salvador, Guatemala - et plus récemment au Brésil, à la Colombie, au Chili et au Pérou. Réunions, publications, formations, manifestations locales, nationales et internationales ont révélé le potentiel social, culturel et aussi politique du concept et de la pratique du musée communautaire, dans le contexte latino-américain..
https://www.museoscomunitarios.org/redamerica
Le cinquantenaire de la Table Ronde de Santiago du Chili (1972)
Ce cinquantenaire est un cas particulier, dans la mesure où il a suscité un grand nombre d'initiatives, certaines nationales et publiques (comme au Chili), d'autres professionnelles, d'autres enfin locales. Il serait trop long d'en faire l'inventaire et je n'en ai pas les moyens. Mais c'est un très bon exemple d'un mouvement spontané qui a entraîné la mise à jour d'un concept original mais daté, en vue de son élargissement à de nouveaux territoires et à de nouvelles pratiques. Je ne cite ici qu'un seul cas, celui d'un colloque organisé conjointement par le Musée de l'Education Gabriela Mistral à Santiago (Chili) et le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris.
https://www.museodelaeducacion.gob.cl/publicaciones/actas-del-coloquio-internacional-de-museologia-social-participativa-y-critica
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