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5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 10:46

Je reçois le dernier livre de Oscar Navajas Corral:

Nueva museologia y museologia social - Una historia narrada desde la experiencia española

Ediciones Trea, Gijon, 2020, 339 pages

Cet ouvrage met l'Espagne sur l'atlas mondial des musées communautaires et écomusées, avec un regard critique aiguisé par des années de recherches, mais aussi de participation à des projets de terrain.

Le 2 août dernier, le XX° atelier du MINOM se tenait à Lugo, en Galice et adoptait la déclaration de Lugo, que l'on peut trouver à:

http://www.minom-icom.net/files/declaracion_lugo-lisboa_gal_es_pt.pdf

Le même jour était créée la branche espagnole du MINOM, non seulement composée des principaux écomusées du pays, mais aussi de quelques uns des plus grands musées espagnols, ce qui marque l'intérêt et, espère-t-on l'engagement, de ces musées traditionnels dans le mouvement de la nouvelle muséologie. qui marque l'intérêt et, espère-t-on l'engagement, de ces musées traditionnels dans le mouvement de la nouvelle muséologie.

 

 

 

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16 septembre 2020 3 16 /09 /septembre /2020 12:10

Les professionnels de la culture, des arts et des spectacles s'inquiètent, non seulement pour leurs programmes de cette année (concerts, festivals, expositions, etc.) et surtout pour leur propre situation, actuellement et dans l'avenir. C'est vrai en France et sans doute dans tous les pays. Les médias relayent quotidiennement analyses et déclarations.Brouillons J'ai moi-même, dans ma famille, des artistes qui se sentent à juste titre menacés dans leur carrière et dans leurs perspectives économiques à plus ou moins court terme.

Cette situation est intéressante, au delà du confinement du printemps 2020 et des risques que courent encore bien des activités artistiques "vivantes" et les institutions du patrimoine. On dit aussi que cette pandémie peut être considérée comme une première expérience, qui devrait nous préparer à ce qui nous attend inexorablement avec le réchauffement climatique, puisque, à l'évidence, nous ne parviendrons pas à réaliser une "transition climatique" volontaire et organisée dont tout le monde parle mais qui reste de l'ordre du discours.

Il faut donc peut-être se convaincre d'une réalité, que l'on soupçonnait déjà lors de la crise financière de 2008: la Culture, au sens des ministères de la culture, des professionnels des arts, du patrimoine et des spectacles, et des penseurs disciples de Malraux et bien d'autres, ne fait pas partie des activités essentielles à l'immense majorité des hommes et des femmes de notre temps. Qu'il s'agisse de financements, de priorités politiques ou d'informations, la culture vient après la santé, l'emploi, l'éducation. Cela ne veut pas dite qu'elle n'a pas d'importance, mais qu'elle ne vient pas en tête de nos préoccupations, surtout en cas de crise, quand les choses vont mal.

Les activités dites culturelles font partie des loisirs, de l'occupation des temps libres, des programmes de visites touristiques, et encore à la condition qu'elles soient fortement subventionnées sur crédits publics ou par le grand mécénat, pour qu'elles ne coûtent pas trop cher au consommateur. Les gens cultivés eux-mêmes ne sont pas prêts à payer le coût réel des spectacles, des expositions, de l'entretien du patrimoine, ou plutôt nous le payons en grande partie à travers nos impôts, qui sont payés par tous, même par ceux qui n'ont pas envie d'en profiter, et qui sont les plus nombreux (le non-public).

Or la situation est sérieuse: depuis soixante ans, du moins en France, les institutions culturelles se sont multipliées, au point de doter la France de ce statut d' "exception culturelle" qui est si souvent brandi comme faisant partie d'un certain modèle français. Plus grave encore, depuis plus de quarante ans, la culture s'est tellement professionnalisée que ce sont des centaines de milliers d'emplois salariés (et pas seulement d'artistes) qui ont été créés dans les différentes disciplines artistiques et culturelles et dans les métiers techniques qui leur sont indispensables. Et cela au prix de la disparition de beaucoup de pratiques amateurs de qualité, gratuites et ancrées dans les territoires dont elles assuraient l'animation au quotidien.

Le statut français des intermittents du spectacle, unique au monde, socialement généreux et économiquement absurde, est le fruit hybride des politiques d'aides à l'emploi face au chômage de masse et du refus des commanditaires et des usagers de payer le vrai prix de leurs consommations culturelles. Si tous les vrais professionnels du monde culturel étaient des entrepreneurs et des salariés de droit commun, qui facturaient leurs prestations à leur vrai prix, on aurait une vraie image de ces professions et de la réalité de leurs publics. D'autre part, les professionnels limiteraient peut-être leurs exigences toujours plus grandes et coûteuses en termes de techniques de construction, de mise en scène, d'exposition.

Mais est-il possible de changer ce volet culturel de l’État Providence ? Non pas de revenir à une état ancien supposé meilleur, mais de travailler avec chaque secteur, au niveau des territoires et surtout avec les collectivités responsables de la vie de ces territoires, pour définir des politiques culturelles soutenables, distinguant et associant les besoins et les demandes de la population au sens large (cultures et patrimoines vivants), des professionnels et des milieux de l'éducation, de la recherche, de la création et des pratiques exigeantes (haute culture) et de l'industrie du tourisme et des loisirs (économie de la culture), pour leur apporter des réponses différenciées et viables.

Cela supposerait de passer d'une politique de l'offre dite culturelle, en réalité missionnaire dans son vocabulaire comme dans ses pratiques au nom des croyances d'un petit milieu proche des cercles du pouvoir, à une politique de la demande, étroitement liée aux pratiques et à la créativité des gens, à tous les niveaux de la société et de tous les âges.

Il faudrait sans doute, dans cette hypothèse, supprimer le ministère de la culture, ou bien en limiter la responsabilité à la gestion de quelques institutions nationales qui ne pourraient relever d'aucune collectivité de niveau inférieur, essentiellement des institutions du patrimoine matériel et immatériel, comme le Louvre, Versailles, la Comédie Française et l'Opéra de Paris. Pour tout le reste, ce serait la subsidiarité qui serait la règle et une participation active et responsable des publics de la culture et des milieux intéressés qui assureraient eux-mêmes cette soutenabilité des arts et du patrimoine en France. Tout ceci est hérétique et provocant, mais le temps que nous vivons n'est-il pas favorable pour remettre en cause des certitudes qui n'ont pourtant qu'une soixantaine d'années et qui reposent sur des affirmations d'arbitres du goût et de spécialistes auto-proclamés qui défendent les points de vue d'une minorité de privilégiés.

 

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31 mai 2020 7 31 /05 /mai /2020 16:06

Tout le monde - le gouvernement, les experts, les médias - a l'air d'être certain que les mois et peut-être les années qui viennent vont voir "exploser" le chômage, en France, en Europe et dans beaucoup de pays du monde. C'est à dire que toute une génération active (20-60 ans) et une génération de jeunes arrivant sur le marché du travail vont connaître d'énormes difficultés d'emploi, à tous les niveaux de qualification et de compétence.

Dans le même temps, la démographie va continuer à multiplier le nombre de retraités qui, pour ceux qui sont encore raisonnablement en bonne santé, ou du moins capables d'une activité, ne pourront, pour beaucoup, contribuer à l'avenir du pays que par la consommation de biens et de services. Il leur restera évidemment aussi les services intra-familiaux, qui seront très importants, même si le caractère "fragile" de cette catégorie de population a tendance à les "confiner" plus ou moins strictement selon les moments.

Devant ce constat qui n'a rien d'original, je me pose une question que je voudrais débattre avec d'autres, non pas au plan théorique, mais de façon concrète et appliquée, à partir de nos situations réelles et du lieu même où nous vivons:

 

Que puis-je faire, en tant que vieux encore relativement actif, pour soutenir, accompagner, aider les victimes de cette vague du chômage de masse qui arrive ?

 

Puis-je m'organiser avec d'autres vieux actifs pour mettre en commun nos moyens, intellectuels et matériels, nos compétences et nos réseaux et les rendre collectivement disponibles et utiles pour les chômeurs qui vont vivre à côté de nous, sur nos territoires ?

 

Peut-on commencer à rassembler des exemples de cas récents ou actuels qui pourraient nous inspirer ?

Des ONG françaises existent qui sont sans doute déjà capables de répondre à ces questions: Solidarités nouvelles face au chômage, OLD'UP, OR GRIS, d'autres encore sans doute. Peuvent-elles lancer une campagne de réflexion, de communication et de mobilisation nationales ? Peuvent-elles demander à l'Europe de relayer au plan européen cette idée ? Il ne s'agit pas d'argent, mais de bien commun. Nous devons tous vivre ENSEMBLE, aussi bien que possible, les mois et les années qui viennent.

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22 mai 2020 5 22 /05 /mai /2020 16:35

On parle beaucoup, ces jours-ci, entre professionnels, dans les journaux, à la télévision ou sur facebook, de l'impact de la pandémie, du confinement et des conditions mises au dé-confinement sur nos grandes institutions patrimoniales et même sur de plus modestes : leurs missions scientifiques et culturelles, leurs programmes d'activités, leurs projets d'investissements sont en panne, leur existence même serait menacée. En effet, un musée d'art ou d'histoire, un monument prestigieux, un site remarquable sont d'abord et avant-tout des espaces de divertissement (éducatif) et de loisir (intelligent). La majorité de leurs visiteurs, ou plutôt de leurs consommateurs, sont des touristes, nationaux et surtout étrangers, dont il faut sans cesse accroître le nombre, pour satisfaire les "tutelles" politiques et administratives. La pandémie est ainsi, partout dans le monde, une catastrophe pour l'économie du patrimoine dans la mesure où elle fait d'abord fermer au public musées, monuments et sites, puis elle les soumet pour une durée indéterminée à des règles de sécurité sanitaire qui rendent la visite plus difficile et moins attrayante. Simultanément, au niveau national et surtout international, le tourisme de masse est menacé à la fois par la baisse de pouvoir d'achat des consommateurs, par les difficultés de franchissement des frontières et par une offre de transport moindre et plus chère.

Les chiffres donnés récemment  pour les musées par l'enquête NEMO sur le plan européen et nord-américain sont particulièrement inquiétants, et cela à très court terme. Si de très grandes institutions, financées par l’État et facteurs de prestige pour lui, ne sont pas vraiment menacées de disparition, d'autres, plus modestes ou possédant des collections moins exceptionnelles, risqueraient-elles de fermer ou de devenir de simples armoires aux trésors, ceux-ci étant conservés pour quelques privilégiés à l'abri du réchauffement climatique et des aléas politiques ?

Une petite musique est en train de naître, me semble-t-il, suite à quelques rumeurs et à quelques conversations: des responsables de musées et de sites naturels ou monumentaux, privés d'une grande partie de leur fréquentation touristique, se tourneraient vers leur population voisine, vers les gens qui habitent le même territoire et qui, dans leur immense majorité, n'ont pas l'habitude de visiter le patrimoine local (même s'ils avaient coutume de visiter d'autres musées et d'autres sites lors de voyages touristiques à l'étranger). Cela voudrait-il dire que ces institutions patrimoniales chercheraient à intéresser, non seulement une élite "cultivée", des groupes de personnes âgées et des scolaires en sorties de classe qui sont le fond de leur public non-touristique, mais aussi ce "peuple" qui jusqu'ici était traité par les commentateurs de "non-public" ou de "public empêché" ?

Ce serait une révolution culturelle qui nécessiterait, cette fois pour de bon, une redéfinition, non pas du musée, mais de ses missions, de ses pratiques, de ses langages, des fonctions mêmes de ses professionnels, qui seraient obligés de se mettre à l'écoute et au service de la population, de la communauté des habitants, quitte à regarder d'un autre œil leurs collections, l'aménagement de leurs salles, le style de leurs publications, le choix de leur "offre" scientifique, culturelle, éducative qui devrait progressivement répondre d'abord à des besoins réels, puis à des attentes une fois que cette population du territoire aurait compris que le musée était fait pour eux et exprimeraient une demande à son égard.

On avait rêvé de quelque chose comme cela dans les années 1970 du siècle dernier. Il y a  eu depuis, dans quelques lieux du monde, des essais et aussi des réussites, surtout sur des territoires particuliers et à partir de patrimoines heureusement ignorés du tourisme de masse. Les méthodes sont connues et les exemples existent, mais il n'y a pas de théories ou de modèles, parce que toute innovation est une invention qui se fait dans un contexte donné, sur un patrimoine vivant et sur une communauté vivante. Il faut donc tout inventer ou réinventer. Peut-on confier au coronavirus le soin de rendre possible une telle révolution ?

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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 14:47

Ce n'est pas tous les jours que le Conseil International des Musées (ICOM) se penche sur la place et le rôle des musées dans le développement local. Depuis près de cinquante ans, les praticiens des musées évoluent progressivement du soin exclusif de leurs collections à une prise en compte plus franche de la société et du monde d'aujourd'hui. On assiste aussi à une confrontation entre une vision universaliste de la culture où le patrimoine et le musée s'adressent à un public essentiellement scolaire et touristique, et une volonté de privilégier le service au territoire le plus proche, en lui rendant et en interprétant à son intention son patrimoine vivant.

Depuis près de cinq ans, un programme européen de recherche et d'expérimentation (EU-LAC Museums) s'est intéressé aux musées d'initiative ou d'animation communautaire en Europe, en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Cela a amené un groupe de muséologues et d'universitaires à regarder de près de nombreux musées locaux, leurs relations aux populations environnantes, leurs pratiques environnementales, culturelles, sociales, économiques, et naturellement leur impact sur le développement de leurs territoires. Voir sur ce programme https://eulacmuseums.net.

Dans le même temps, l'ICOM, en partenariat avec le programme LEED de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique, composée de 36 pays membres industrialisés), mettait au point et publiait en édition numérique, en 2019, un ouvrage intitulé Culture and Local Development - Maximizing the Impact, sous titré "Guide for local Governments, Communities and Museums". Il existe actuellement en anglais, en espagnol et en italien. Des versions française et japonaise sont annoncées. Pour en savoir plus sur le projet, en langue française, voir http://www.oecd.org/cfe/leed/OECD-ICOM-Guide-Flyer-FR.pdf.

Enfin, la revue Museum International vient de publier son dernier numéro (Vol. 71, 283-284, 2019) sur Museums & Local Development - An Introduction to Museums, Sustainability and Well-being, sous la responsabilité de Karen Brown (University of St Andrews, Scotland), qui est également la co-coordinatrice du programme EU-LAC. Ce numéro de Museum International contient un grand nombre d'exemples concrets, finement analysés, tirés de pays très divers, Grèce, Pologne, Italie, Pérou, Canada, Finlande, Nigeria, Colombie, Grande Bretagne, Croatie, Pakistan, où les musées ont choisi de mettre en œuvre des méthodes et des actions qui contribuent au développement local. Ce numéro (en anglais seulement) est téléchargeable sur https://www.tandfonline.com/toc/rmil20/current, ou par le site de l'ICOM (https://icom.museum).

Je recommande particulièrement ce numéro, très riche en idées et en expériences, et agréable à lire ou à consulter. Comme on le constatera, il n'est pas nécessaire de débattre à perte de vue sur des définitions plus ou moins ambitieuses du musée, mais il suffit d'aller voir, sur le terrain, comment des gens de musée lucides et courageux adaptent leurs pratiques à leur environnement et au temps présent, sans s'embarrasser de théories.

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 16:51

La laïcité est devenue un thème récurrent de débats passionnés entre gens raisonnables et idéologues plus ou moins forcenés. Mais on parle peu, dans le monde de l'éducation et dans celui de l'art et des musées, de la manière de présenter les religions à travers les arts. Doit-on se borner à parler Histoire de l'Art et à commenter des volumes, des couleurs, des perspectives, dans un contexte historique, sans expliquer ce que cela représente ? C'est ainsi que dans les années 1960, des visiteurs du Musée de l'Ermitage à Leningrad demandaient pourquoi il y avait tant de tableaux représentant une femme avec un enfant dans les bras. Est-il possible d'interpréter, à propos de l’œuvre d'art, sa signification religieuse pour les croyants, et ses relations aux traditions culturelles locales ou universelles ?

Cela fait près de 25 ans ans que Dominique Ponnau, conservateur des musées et directeur de l'Ecole du Louvre, réunissait en 1996 un colloque d'experts sur "forme et sens", afin de discuter la manière de présenter les œuvres d'art religieux au musée, dans le respect de la laïcité républicaine et des diverses croyances. Les actes en furent publiés mais eurent peu de publicité en dehors des cercles spécialisés. D'autres rencontres ou publications eurent lieu depuis, ainsi que des expériences ponctuelles, mais il n'y avait pas d'outil facilement accessible et concret sur le sujet, appuyé sur une forte compétence professionnelle.

Cet outil existe maintenant. Je viens de le lire et je le recommande.

Isabelle Saint-Martin : Peut-on parler des religions à l'école ?, Paris, Albin Michel, 2019, 221 pages, 18€.

L'auteure est membre de l'Institut Européen des sciences des religions (Ecole Pratique des Hautes Etudes). Dans la première partie du livre, elle rappelle utilement les grandes lignes du débat et ses origines, en attachant une importance particulière au Rapport de Régis Debray de 2002 sur L’Enseignement du fait religieux dans l’école laïque. Puis, et c'est le plus nouveau, elle montre, avec de très nombreux exemples pris dans les arts sacrés des diverses religions, comment il est possible, sans toucher au principe républicain de laïcité, de développer la culture générale des enfants comme des adultes (et en particulier des enseignants) à partir des œuvres qui sont présentées dans des musées ou dans des lieux de culte, en associant le sens à la forme et la forme au sens, pour une ouverture à la diversité des croyances et à la compréhension de faits culturels banals qui ont une origine ou des racines dans la religion.

Elle ne cache pas la difficulté de l'exercice dans un monde contemporain où l'on a tendance à confondre foi et religion, mais elle ouvre aux responsables de musées publics et à ceux des lieux de culte des diverses religions, des pistes pour une plus riche utilisation des œuvres dont ils ont la charge, cela pour une meilleure application des principes et des orientations des lois et règlements de la laïcité.

Bonne lecture !

 

 

 

 

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11 novembre 2019 1 11 /11 /novembre /2019 16:16

Sepetiba est un quartier situé à l'extrême ouest de la municipalité de Rio de Janeiro. Depuis dix ans, cette communauté de pêcheurs et d'ouvriers a inventé son propre écomusée, relié solidairement à l'écomusée mitoyen de Santa Cruz. Mobilisés par une dégradation de l'environnement découlant en grande partie des activités du port industriel et minéralier voisin d'Itaguai, les habitants ont ont exigé et obtenu la dépollution de leur Baie et de leurs plages, ils ont retrouvé leurs activités piscicoles traditionnelles, redécouvert et maîtrisé leur environnement naturel,  revivifié leurs traditions culturelles, remis en valeur leurs mémoires. individuelles et collectives.

Et tout cela vient de donner naissance à un livre, lui aussi collectif, qui raconte, analyse et évalue, thème par thème, beaucoup de ces activités. Il faut saluer cet effort, qui n'est pas un travail théorique ou académique, mais le reflet fidèle d'actions, vues avec du recul par des acteurs et des témoins proches. Si tous les écomusées ou musées communautaires s'astreignaient à cette discipline de rendre compte par écrit de leurs actions, nous disposerions enfin d'une extraordinaire somme d'expériences, toutes uniques parce que résultant de la créativité et de la capacité d'inventer des communautés elles-mêmes à partir de leurs propres dynamiques.

Certes ce livre, un e-book, est en portugais, mais je crois que ses titres et ses illustrations suffisent à donner une idée de la valeur de ce travail exemplaire.

Bianca Wild (Coord.), Asas e Raízes: Conexões entre Ancestralidade, representatividade e resistência, Ecomuseu de Sepetiba, Rio de Janeiro, 2019.

On peut le télécharger sur https://app.publicacoes.even3.com.br/book/conexoes-asas-e-raizes-ancestralidade-representatividade-e-resistencia-42035?fbclid=IwAR0SP2ES5l7sXYhStMi9j9cczuuX_U54edKYxflasxJOAQO28-wrnp0my1g

Voici le sommaire
Apresentação.................................................................................................. ……...6
Bianca Wild
Prefácio..........................................................................................................……….12
Tecendo fios nas redes estruturais do lugar...............................................……………….17
Rita Pedreira
Pesquisa etnográfica com as marisqueiras de Sepetiba...........................………………….3
Sinvaldo do Nascimento Souza
Histórias de Pescadores – Relatos em Dois Tempos Sobre uma Baía Poluída…………  ….5
Clementino Júnior
Baía de Sepetiba ou Baía dos Orixás?.........................................................…………….69
Rodrigo Carneiro
Asas e raízes em Sepetiba: Uma questão de respeito e sobrevivência.....…………………..89
Jorge Luiz Alves
O Ecomuseu de Sepetiba como agente concretizador dos deveres coletivos
de defesa e preservação do meio ambiente, dispostos no art. 225, caput, da
Constituição da República Federativa do Brasil.......................................………………...101
Joice Vargas
Racismo ambiental e os impactos na saúde de uma comunidade tradicional
do Rio de Janeiro.........................................................................................…………..119
Andressa Oliveira
Da raiz à resistência: a busca pelos caminhos de uma educação antirracista………… … .132
Maria Carolina Almeida de Azevedo
Palco (in)visível: os corpos negros no Theatro Municipal.......................…………… ……..144
Paulo Melgaço e Matheus Melgaço
O Impacto das imagens na construção do sujeito. Arte – etnicidad
e...........………………..165
Renata Maia
O Eurocentrismo, como construtor da visão do Racismo religioso.

Apontamentos na perspectiva Pan Africana....................……………………………………...195
Jorge Márcio do Nascimento5
A Roupa das ruas - Crônicas de Izabela de Jesus ....................................…………………217
Izabela de Jesus
Meu espelho é o texto.................................................................................………………226
Anderson Assi
As passagens, as coragens São sementes espalhadas nesse chão.

Uma homenagem à Odalice Priosti..........................................…………… …………………233
Bianca Wild
Pelas trilhas do tempo: Sepetiba hoje e sempre.......................................…………………...235
Jorge Luiz Alves

 

 

 

 

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 15:15

Il y a quelques semaines, Mme Renon, directrice d'école maternelle à Pantin, s'est suicidée et a expliqué son geste par la difficulté de sa fonction, les conditions de travail et le manque de reconnaissance et de moyens.  Ce drame a provoqué une mobilisation très médiatique des directeurs d'écoles et de leurs syndicats,  et une réaction compréhensive du Ministre de l’Éducation nationale. Cela paraît normal et tout à fait justifié.

Mais ce qui me paraît étrange est que, si ma mémoire est bonne, au printemps dernier, dans le cadre des réformes prévues par le Ministère de l’Éducation nationale, il avait été annoncé un rapprochement de l'enseignement primaire avec le collège, pour faciliter le passage des élèves du CM2 à la 6°. Or ce projet avait fait l'objet d'une violente campagne de la part de certains enseignants et des syndicats, qui prétendaient que cela supprimerait la fonction de directeur d'école ou que cela la subordonnerait au Principal de collège.

Or des enseignants expérimentés m'avaient alors dit que c'était une mesure de bon sens, qui était déjà appliquée expérimentalement en France et couramment dans d'autres pays, car il ne serait pas rationnel, d'après eux, de continuer à imposer cette rupture entre les deux cycles d'enseignement. Et ils regrettaient vivement que le ministre ait abandonné cette partie de son projet.

Je ne suis pas compétent en matière de politique de l’Éducation nationale, mais j'aime comprendre ce qui me semble incohérent dans les informations que je reçois. J'aimerais donc qu'on m'explique pourquoi les syndicats concernés et les directeurs d'écoles ont refusé en mai un changement qui aurait pu transformer une fonction tellement dure et maltraitée qu'elle apparaît en octobre inhumaine et pouvant mener au suicide.

Je voudrais savoir aussi pourquoi les médias que je lis ou écoute n'ont pas rappelé, à l'occasion du drame de Pantin, ce qu'ils avaient fortement relayé au printemps. Mais les vacances sont passées par là...

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21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 17:57

Tout le monde maintenant parle de participation et il est vrai que l'évolution des théories et des pratiques de nos démocraties, surtout à l'échelle des territoires, rend l'engagement et l'implication des citoyens dans la solution des problèmes qui les concernent directement, non seulement souhaitable, mais aussi et surtout indispensable si l'on recherche à la fois non pas l'efficacité immédiate mais l'utilité sociale et la soutenabilité à long terme des projets et des actions qui contribuent à la qualité de l'environnement et de la vie de chacun d'entre nous et de nos communautés de proximité.

Des expériences anciennes et d'autres très récentes m'ont amené à réfléchir à la manière dont cette participation, lorsqu'elle est au moins partiellement obtenue, est reconnue et récompensée à sa juste valeur. Certes, on ne manquera pas dans des discours ou des rapports de décrire le degré de participation obtenue, d'en féliciter les acteurs et d'en signaler les effets sur les résultats constatés. Mais ce sont généralement les porteurs de projets, les autorités responsables, les financeurs publics ou privés qui attireront à eux l'essentiel de la lumière, à travers par exemple une inauguration, l'apposition d'une plaque, un communiqué de presse, une exposition et naturellement des publications, scientifiques ou de vulgarisation.

Il est plus rare que des individus, membres de la population, qui ont été associés au projet, qui ont apporté des connaissances ou des savoirs-faire, qui ont contribué manuellement ou intellectuellement, parfois même qui ont été à l'origine de l'action ou déterminants dans son succès, reçoivent en retour le bénéfice social et l'effet d'image qu'ils seraient en droit d'attendre, comme une sorte de droit-d'auteur non financier.

Il y a longtemps que j'ai constaté cette absence de reconnaissance publique, notamment de la part de certains anthropologues, collecteurs d'objets, de musiques, de traditions, preneurs d'images ou de films, qui n'auraient pu rien faire sans des informateurs, des érudits locaux, des musiciens ou des chanteurs, etc. Ils vont publier des articles, des livres, des disques, soutenir des thèses, qui leur assureront la notoriété et faciliteront leurs carrières, mais celles et ceux qui les auront aidés, à part quelques sous si ce sont des "indigènes", ou leurs noms dans des listes en annexe, n'auront que le statut d'informateurs.

Plus récemment, j'ai assisté à la présentation d'une exposition qui relatait une découverte archéologique importante, faite par hasard par deux habitants qui avaient ensuite participé à son étude et à sa mise en valeur, en particulier par des photographies qui avaient rendu possible l'exposition elle-même. Il semblait que, la découverte une fois faite, ses inventeurs n'étaient plus utiles et laissaient toute la place aux spécialistes qui étudiaient et aux politiques qui inauguraient.

Cela m'a rappelé une expérience vécue à l'écomusée du Creusot-Montceau, à la fin des années 1970. Devenu célèbre en France et à l'étranger comme opération innovante et nettement participative, il a attiré de nombreuses équipes de chercheurs universitaires qui trouvaient sur ce territoire une grande richesse pour leurs programmes de recherche ou leurs thèses et qui obtenaient en outre le soutien matériel de l'écomusée et de son personnel, mais surtout un accès au réseau considérable des habitants qui avaient accepté d'apporter leurs mémoires vivantes, leurs savoirs, leurs biens culturels personnels aux activités de leur écomusée. On avait voulu établir un règlement spécial pour les chercheurs, pour encadrer leurs pratiques et les publications qui en résulteraient, dont l'une des clauses principales précisait que les habitants qui auraient participé aux recherches devraient être non seulement consultés sur les textes produits avant publication, mais surtout considérés et reconnus comme co-auteurs (et non pas comme de simples informateurs anonymes). Cette clause n'a jamais été ni comprise, ni respectée par les chercheurs, malgré une première réunion expérimentale très décevante, en 1977, dédiée à l'examen et à la discussion par des groupes d'habitants volontaires des premiers résultats des recherches en cours.

Je crois que l'on peut parler de discrimination : la valeur des savoirs des gens "ordinaires", de leurs compétences professionnelles, de leur mémoire, n'est pas reconnue à égalité avec celle des savoirs académiques. Et surtout, ces gens ordinaires ne sont pas supposés intervenir dans la rédaction finale des articles ou des thèses dont ils ont donné au moins une partie de la matière et parfois même l'essentiel du sens.

Cette question d'un droit d'auteur partagé, ou d'un statut de co-auteur, ne relève sans doute pas (ou pas encore) d'une réglementation quelconque, mais je pense qu'elle devrait faire partie de la déontologie du travail scientifique et des pratiques éditoriales, cela d'autant plus que les co-auteurs non-académiques seraient ainsi obligés à une plus grande rigueur dans leurs contributions, tandis que les co-auteurs académiques devraient se plier à un contrôle d'exactitude sur leurs propres interprétations et conclusions.

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9 septembre 2019 1 09 /09 /septembre /2019 14:46

A ce que j'ai pu en apprendre de diverses sources, le débat qui s'est instauré sur une nouvelle définition du musée, pendant les quelques semaines qui ont précédé l'Assemblée générale de l'ICOM À Kyoto le 7 septembre 2019, a été vif et intense. Le texte soumis à discussion était certainement critiquable dans le fond et surtout dans la forme. Son élaboration a paru trop rapide et manquer de concertation. La décision qui a été finalement prise, de reporter la décision sur un texte qu'il convient de rediscuter, me paraît sage.

Je trouve ce débat passionnant et le vétéran que je suis a connu un processus très semblable, auquel j'ai personnellement participé, avant, pendant et après la Conférence générale de l'ICOM de 1971. Dans les deux cas, on est devant un besoin de changement, qui est exprimé, parfois fortement, par un groupe peut-être minoritaire mais aussi plus déterminé et plus dynamique que la masse des membres d'une organisation internationale dont la culture est généralement plus orientée vers la conservation des acquis (les collections) que vers la prise de risques (l'insertion dans la société).

Apparemment, nous nous trouvons devant un "mouvement" assez spontané, qui se qualifie sans doute de progressiste, et qui veut par un seul grand coup commencer à changer le musée, en commençant par sa définition, car c'est la seule chose que l'on puisse changer tout de suite. Il faudra ensuite changer des milliers d'institutions, souvent publiques, dans un grand nombre de pays et cela prendra des années et sans doute des formes très diverses qui devront tenir compte de résistances inévitables. Pour ne prendre qu'un exemple partiel, la célèbre Table Ronde de Santiago, en 1972, qui voulait susciter dans les musées d'Amérique Latine un changement très radical, a fait l'objet d'un constat d'échec relatif en 1992 à Caracas, et n'a en fait trouvé un milieu muséal vraiment favorable que dans les années 2000.

L'analyse des débats et des votes à Kyoto sera extrêmement intéressante et il est trop tôt évidemment, surtout pour les gens comme moi qui sont à l'extérieur de la profession muséale, pour tirer des conséquences ou des leçons de ce qui apparaîtra sans doute comme la toute première phase d'un processus de gestation, non pas seulement d'une simple définition, mais aussi d'une évolution plus ou moins rapide du musée et de la muséologie.

Provisoirement, et pour commencer dès maintenant à apporter une première pierre à la discussion, je poserais comme hypothèse de travail qu'existeraient de fait deux groupes qui se seraient alliés pour l'occasion et qui chercheraient à faire approuver cette nouvelle définition, même s'ils ne sont pas d'accord sur certains points essentiels. Ces groupes ne sont pas forcément organisés et toute cette affaire n'est pas un complot, mais le fruit de deux évolutions parallèles

Un premier groupe serait fait de professionnels de musées (surtout occidentaux ou de culture occidentale) qui se sentent frustrés de ne pas pouvoir changer leurs propres institutions et qui, influencés par le discours et certaines pratiques de la Nouvelle muséologie héritée de Grenoble 1971, de Santiago 1972 ou du Creusot années 70, et aussi par ce que l'on appelle maintenant l'écomuséologie, utilisent un vocabulaire et des concepts actuels pour tenter d'orienter l'avenir de leurs musées. Il s'agit, sans le dire trop clairement, de briser le plus possible les anciennes théories et les anciennes pratiques représentées par la vieille définition, qui a le défaut à leurs yeux de n'avoir pas su accompagner l'évolution de la société.

Un autre groupe serait fait de professionnels non occidentaux qui sont, depuis les années 60 et la décolonisation, à la recherche de muséologies nationales, ou vernaculaires, libérées de la dictature de l'art, des disciplines académiques et des théories muséologiques euro-américaines; pour ceux-là la vieille définition a d'abord le défaut d'avoir été imposée par des occidentaux et nourrie par la tradition des grands musées d'art. On peut en trouver de premières manifestations dans la Table Ronde de Santiago (1972), dans la déclaration de Guwahati (1988), dans l'émergence des réseaux de musées communautaires et autochtones notamment au Mexique, au Canada et au Brésil (depuis 1994), dans l'apparition des banques culturelles en Afrique de l'Ouest (depuis 1997), etc.

Je crains que les avis, pourtant très justes et argumentés, donnés par des professionnels reconnus, mais surtout occidentaux et appartenant à des générations issues du moule de la muséologie traditionnelle, ne puissent guère lutter contre ces tendances divergentes. Ils apparaissent comme défendant une vision du musée à la fois élitiste et impérialiste. J'ai peut-être complètement tort et je n'ai pas la première preuve documentaire ou statistique de ce que j'avance… Je m'appuie à la fois sur le souvenir du mouvement analogue, mais encore très occidental, des années 1970, et sur de nombreuses discussions sur le terrain, échanges de correspondance et écoute de débats collectifs pendant ces vingt dernières années.

Je crois cependant que, quelque soit le résultat des travaux qui vont commencer à la suite de la décision de Kyoto, nous sommes partis pour des années de réflexions, d'expérimentation, de luttes et d'efforts sur ces deux pistes. Le texte proposé à Kyoto va rester, pendant au moins un an, un document de travail qui servira de punching ball aux principaux animateurs de ces mouvements et aux instances nationales et internationales, au sein de l'ICOM. La vraie question est de savoir si celui-ci saura jouer son rôle de médiateur et d'arbitre. Actuellement, je sais que quelques milliers de musées locaux, écomusées et musées communautaires pratiquent déjà à travers le monde, sans discours inutiles, sur le terrain, les ambitions mal exprimées dans le projet de définition, presque sans y être aidés que ce soit par l'ICOM ou par les pouvoirs publics nationaux. On pourrait peut-être commencer par les reconnaître et les faire connaître, comme l'ont fait à leur manière l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire du Mexique et douze régions italiennes. L'UNESCO, puis l'ICOM avec la revue Museum ont attiré de temps à autre l'attention sur des cas exemplaires, que beaucoup considèrent sans doute comme "hérétiques". Des pays ont tenté, souvent assez naïvement, de définir un "musée pour le XXIème siècle"…

Autre élément qu'il est intéressant de signaler ici. Le débat en cours sur la restitution d'objets arrachés à leurs cultures d'origine pendant la période coloniale oppose deux manières d'interpréter le droit de propriété, celui du collectionneur (notamment le musée) et celui de l'héritier collectif. On retrouve là, me semble-t-il, sur un thème distinct mais lié, les deux voies dont je parlais plus haut.

Je crois qu'il faudra que l'ensemble de la profession travaille pendant au moins vingt ans sur ces deux voies d'une future muséologie plurielle, plus que sur une définition qui restera toujours trop normative pour satisfaire la diversité des situations nationales et locales. Et il faudra aussi que les musées eux-mêmes se transforment, à leur rythme mais en profondeur et pas seulement dans le discours, grâce au dynamisme et au réalisme de leurs responsables.

 

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