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25 février 2024 7 25 /02 /février /2024 15:41

J'avais préparé une intervention en vidéo lors la conférence du MINOM (Mouvement International de la Nouvelle Muséologie) qui vient de se tenir à Catane, en Sicile (22-23 février 2024). Un incident technique m'a empêché de la présenter. Mais comme j'avais pas mal réfléchi à cette occasion sur quelques aspects de l'évolution de la nouvelle muséologie depuis cinquante ans, je me suis dit que cela valait la peine, au moins pour moi tout seul, de rédiger ce que j'avais prévu de dire.


 

Les débuts et l'évolution de la nouvelle muséologie, depuis les années 1960

Je dois tout d'abord rendre un hommage personnel à tous les inventeurs de la nouvelle muséologie, dont j'ai eu la chance de de connaître un grand nombre et qui m'ont appris ce que c'était de concevoir et de mettre en œuvre des projets novateurs qui allaient à l'encontre des normes établies, tant en matière de patrimoine que de musées. Pour ne mentionner que celles et ceux qui sont morts, je citerai par ordre alphabétique Marie-Odile de Bary (France), Fernanda Camargo Moro (Brésil), Marcel Evrard (France), Jan Gjestrum (Norvège), John Kinard (Etats-Unis), Marc Maure (France / Norvège), Pierre Mayrand (Québec), Odalice Priosti (Brésil), Pablo Toucet (France / Niger), Georges Henri Rivière (France), Mario Vazquez (Mexique)...

*

Il faut ensuite parler des dates qui ont marqué l'émergence de ce mouvement collectif et imprévu venu de plusieurs pays et porté par des individualités fortes, qui n'étaient pas toutes, du moins au début, des professionnels des musées. Après les premières initiatives isolées dans les années 60 (les musées nationaux du Mexique en 1964, les musées de voisinage aux États-Unis au moment de la lutte pour les droits civiques, le Musée national de Niamey au Niger lors de la décolonisation), c'est en 1971 et 1972 que trois évènements indépendants se produisent: la VII° Conférence Générale de l'ICOM en France et l'invention du mot écomusée en 1971, la Table ronde de Santiago du Chili en 1972, l'invention d'une nouvelle forme de musée communautaire au Creusot en 1971-1972 qui deviendra l'Écomusée de la Communauté urbaine du Creusot-Montceau en 1974.

Une dizaine d'années plus tard, on verra apparaître les premiers écomusées au Québec et la création du MINOM (1980-1985). En 1992, au moment du Sommet de la Terre, la première rencontre internationale des Écomusées, à Rio de Janeiro, accompagne les premiers écomusées brésiliens. Dans cette même décennie des années 90, l'Italie voit naître un grand nombre d'écomusées, dotés de lois régionales qui leur donnent un statut et une légitimité. Enfin, en 2000, se forme le réseau des musées communautaires d'Amérique Latine.

Il faudrait ajouter d'autres dates qui marquent l'expansion des écomusées et en général de différentes formes de nouvelle muséologie dans de nombreux pays, en particulier au Japon, en Norvège, en France, en Scandinavie, en Espagne, en Chine, etc.

*

Lors de la XVI° Conférence générale de l'ICOM, à Québec en 1992, j'ai présenté une synthèse des débats des différents organes de la Conférence dont le thème était: "Où en sommes-nous ? Quelles devraient être les prochaines étapes ?". J'y notais déjà les évolutions de plus en plus divergentes des deux principales formes de musées:

"L'incompréhension ne peut être que totale entre un musée national, représentant la culture officielle d'un pays, éventuellement affirmant et illustrant son «identité» de nation, et un musée communautaire, reposant sur la mobilisation des différentes composantes de la population d'un territoire, et sur des arbitrages difficiles entre les objectifs et les intérêts sectoriels de ses membres.

Là l'inversion des définitions est totale: les buts poursuivis ne sont pas les mêmes et l'on se demande comment ils peuvent cohabiter dans des structures administratives et dans des procédures réglementaires conçues pour les premiers, lorsque les seconds n'existaient pas encore."i

Je ne parlais pas alors de "nouvelle muséologie" mais, plus de trente ans après mon rapport de Québec, je peux maintenant essayer de préciser les principales directions qui ont été prises par les différents initiateurs de ce mouvement et qui restent encore plus ou moins actuelles. Elles sont à mon avis au nombre de quatre, qui se recoupent plus ou moins, selon le contexte local et les intentions de chaque porteur de projet:

- l'ouverture sur l’environnement, la nature, le paysage

C'est le concept d’origine de l'écomusée, en 1971, qui devait accompagner le premier Sommet des Nations Unies sur l'environnement, à Stockholm en 1972. Il s'appliqua aux écomusées des parcs naturels régionaux français dans les années 70, à l'écomusée d'Itaipu, premier de ce type au Brésil en 1987, à des écomusées liés à des programmes "Agenda 21" après le sommet de Rio en 1992, notamment en Italie.

- la modernisation critique de la muséologie et de la muséographie

Elle s'applique le plus souvent à des musées petits ou moyens existants, pluridisciplinaires, par l'introduction des nouvelles technologies de la communication, de la présentation, de la numérisation et en général une refonte des musées de territoire ou de "société" qui s'ouvrent à la population environnante et à un tourisme de proximité.

- une gestion démocratique du patrimoine vivant

C'est le type de projet que l'on appelle habituellement écomusée ou musée communautaire: la population y est associée à l'initiative, aux décisions, à travers des méthodes diverses de mobilisation, de participation, d'éducation patrimoniale, d'inventaire de proximité, de capacitation.

- une muséologie militante ou politique

Elle s'applique à des milieux minoritaires, opprimés (autochtones, groupes ethniques, catégories défavorisées...) qui revendiquent des droits matériels et/ou moraux et s'appuient sur la mémoire collective et sur des patrimoines souvent immatériels. Elle est généralement associative ou même informelle, en tout cas peu institutionnalisée et apporte des arguments et des outils à des luttes sociales.

Chaque tendance a suivi et suit encore des chemins qui lui sont propres, même si l'on trouve des recouvrements dus aux contextes et à l'évolution de chaque projet local. Dans la plupart des cas, la collection n'est pas centrale, même si elle représente un matériau utile, et même indispensable, pour la connaissance, l'exposition, la recherche, la pédagogie.


L'invention de nouveaux modes de gestion du patrimoine vivant

Il me semble que les principes de la muséologie traditionnelle, axés sur la conservation de collections, par des professionnels qualifiés, selon des méthodes scientifiques, au profit de publics, selon des règles éthiques et des législations ou des définitions nationales et internationales, ne sont pas adaptés aux pratiques nouvelles qui ont été progressivement inventées par les personnes et les groupes qui s'inscrivent dans la nouvelle muséologie. Ces pratiques, que j'ai qualifiées d'"hérétiques" dans un texte rédigé avec l'aide d'Odalice Priosti en 2005ii, peuvent être caractérisées par trois objectifs qui se combinent pour formuler une gestion radicalement différente du patrimoine, celui-ci étant bien entendu globalisé au niveau du territoire, indifféremment matériel ou immatériel, naturel ou culturel:

- le patrimoine est géré, consciemment et volontairement par ses héritiers eux-mêmes, qui en sont à la fois les propriétaires et les usagers, qui fondent leur légitimité;

- le patrimoine est géré, non pas en fonction de sa qualité liée au passé, mais essentiellement en fonction de sa valeur pour le temps présent et de la volonté de le transmettre pour les générations futures;

- le patrimoine n'est pas géré, juridiquement et scientifiquement, comme un trésor à conserver intact et inaliénable, il est à la fois reconnu, préservé et transformé en tant que ressource naturelle, culturelle, sociale et économique pour l'équilibre et le développement du territoire et de la communauté.


Un nouveau paysage muséal et de nouvelles relations entre musées et gens de musées

Il y a cinquante ans, il y avait, dans le monde des musées, essentiellement l'ICOM, ONG internationale professionnelle, des associations nationales de musées ou de professionnels de musées et des associations nationales et locales d'amis des musées. Dans le domaine du Patrimoine, il y avait l'ICOMOS, ONG sœur de l'ICOM, et des associations nationales et locales "de sauvegarde".

A partir des années 1980, on assiste à une nouvelle configuration du monde des musées et du patrimoine et à une multiplication des initiatives de regroupement des nouveaux musées et des nouveaux professionnels ou militants du patrimoine.

- des associations ou groupements nationaux se créent: Muséologie Nouvelle et Expérimentation sociale (MNES, France) puis Fédération des Ecomusées et Musées de Société (FEMS, France), Association des écomusées du Québec (Canada), Japan Ecomuseological Society (JECOMS, Japon), Mondi Locali (Italie), Associação Brasileira de Ecomuseus e Museus Comunitários (ABREMC, Brésil), Unión Nacional de Museos Comunitarios y Ecomuseos de México (Mexique), MINOM Portugal, etc.

- parallèlement à la multiplication des formations universitaires de professionnels de musées et de muséologie, l'Universidade Lusófona (ULHT, Portugal) développe un enseignement spécifique à la Muséologie sociale (master et doctorat), une revue et des publications, tandis que dans de nombreux pays des mémoires, des thèses, des publications académiques et des articles sont publiés sur des sujets relevant de la nouvelle muséologie, de la muséologie sociale, de la socio-muséologie. Des séminaires nationaux sont aussi organisés à l'initiative des associations d'écomuséologie, de socio-muséologie, de muséologie communautaire, etc., afin de capitaliser l'expérience des projets et réalisations venant du terrain.

- des initiatives transnationales naissent, surtout depuis les années 2000, pour faire se rencontrer des expérimentateurs et échanger des idées, des pratiques, des méthodes: les cinq Rencontres internationales (EIEMC) organisées au Brésil entre 1992 et 2015, la Red de Museos comunitarios de America, le Forum des écomusées et musées communautaires de Milan en 2016, la plateforme en ligne DROPS qui lui a succédé, les échanges Italie-Brésil “Distanti ma uniti / Distantes mas unidos” pilotés depuis 2020 par Raul Dal Santo et Nádia Almeida, le programme européen Ecoheritage, etc.

- devant la dynamique de cette muséologie alternative, nouvelle, innovante, le système international lui-même devait changer. La création du MINOM (1984) qui obtient le statut d'association affiliée à l'ICOM et la succession de ses ateliers provoquent une ouverture du comité international pour la muséologie de ce même ICOM, l'ICOFOM, qui donne de plus en plus de place aux pratiques et aux expériences de la nouvelle muséologie. Enfin, la création officielle du Comité international de l'ICOM pour la socio-muséologie (SOMUS, 2023) marque la reconnaissance d'une discipline académique propre.

La célébration de la nouvelle dynamique internationale du MINOM à Catane les 21 et 22 février 2024 et celle de la muséologie sociale à Rio de Janeiro du 20 au 23 mars de la même année symbolisent bien ce rééquilibrage entre le monde des praticiens d'une part et celui des théoriciens et des chercheurs d'autre part.

 

Une évolution des modes et des techniques de communication

Depuis mes années à l'ICOM et mes voyages dans le monde entier, tant de choses ont changé dans les rapports entre musées et gens de musées ! J'ai été témoin des réunions où venaient surtout les représentants des grands musées, surtout d'art et surtout européens ou américains du Nord, qui avaient les moyens de voyager. Je me souviens de notre remarquable Centre de documentation UNESCO-ICOM dont le fichier des musées était tenu à la main sur des fiches cartonnées. Il y avait ces réunions internationales organisées par correspondance (air-mail...) ou par télégrammes. Et il fallait des visas et des traveller-checks pour voyager, même dans des pays très voisins.

Maintenant, voyages et télécommunications sont faciles entre pays et entre musées et le nombre de membres de l'ICOM, de comités nationaux et internationaux a considérablement grandi. Les conférences générales rassemblent des milliers de participants.

Internet a transformé la circulation de l'information. Les relations informelles entre les personnes: les emails, les sites web locaux et nationaux, les plateformes internationales, le pluri-linguisme et la traduction en ligne ont rendu les échanges et les contacts faciles et même souvent quasiment immédiats.

Des réseaux locaux, régionaux, nationaux, internationaux se sont créés, avec leurs outils de communication, même parfois en dehors des structures officielles. Et les "réseaux sociaux" offrent des capacités de regroupements, de circulation d'images, de diffusion rapide de nouvelles et d'idées qui n'existaient pas il y a seulement trente ans.

Grâce aux contraintes de la pandémie, à la généralisation de la vidéo-transmission et à des technologies nouvelles, les non-professionnels, les militants de causes sociales, culturelles, politiques, les acteurs locaux les plus modestes ont commencé à communiquer, à se faire connaître à confronter en temps réel leurs expériences et leurs propositions

Cette évolution, certes, comporte des risques de confusion, de superficialité, de rapidité excessive, mais j'ai l'impression que la "nouvelle" muséologie a acquis en cinquante ans une légitimité , une capacité créative et une complexité qui l'éloignent des traditions et des pratiques de la muséologie traditionnelle. Elle n'est plus dans la marge du monde muséal, dans des cas exceptionnels qui justifiaient le terme d'"hérétiques". C'est probablement une autre muséologie.

 

Quelques conclusions personnelles

A côté de la vie relativement stable et très réglée des musées traditionnels qui vivent et évoluent selon des pratiques professionnelles reconnues et enseignées, j'observe depuis une cinquantaine d'années la multiplication de nouveaux types et de nouvelles familles de musées qui veulent se distinguer par leurs objectifs, leurs méthodes, leurs spécificités: écomusées, musées communautaires, musées autochtones, musées militants, non-musées, contre-musées, musées alternatifs ou alter-musées. On pourrait dire que ce sont des "musées de missions".

Je constate aussi la multiplication des échanges entre les acteurs du patrimoine et de ces musées et leur implication croissante dans la vie sociale de leur communauté et de leur territoire : professionnels, volontaires, chercheurs, militants, partenaires locaux ou extérieurs collaborent à un projet ou à des projets situés dans le temps et dans l’espace, qui répondent à des objectifs d'intérêt collectif ou général.

Mais, alors que l'ICOM vient de modifier à nouveau la définition du musée qui va progressivement s'imposer à l'ensemble des institutions muséales et aux professionnels qui en ont la charge, je ne peux que constater l'absence, naturelle et normale, de modèle, de label, de définition académique pour tous ces musées différents, même s'ils ne sont plus vraiment "nouveaux". Chacun en effet est inventé, en fonction de ses objectifs explicites ou implicites et de ceux de ses fondateurs, de la communauté qui le porte, du contexte local. Beaucoup en outre ne portent pas le nom de musée et certains évitent même de se référer aux normes muséales habituelles pour ne pas être contraints à des règles qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas suivre.

 

Pour terminer et en pensant à l'avenir, je me bornerai à oser deux questions, auxquelles je me garderai bien de répondre:

- ces musées sont-ils pérennes, ou accompagnent-ils un besoin, une envie, un moment ou une nécessité ?

- ces musées sont-ils encore des musées ?

 

i Actes de la XVI° Conférence générale, ICOM, p.68

ii de Varine, Hugues, Le musée communautaire est-il hérétique ?, texte inédit consultable en ligne sur Le https://www.hugues-devarine.eue communautaire est-il hérétique ?

 

 

 

 

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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 17:02

Alors que musées, monuments et sites du monde entier étaient plus ou moins à l'arrêt, leurs sièges fermés ou entrouverts, leurs expositions déprogrammées ou réduites à quelques journées, leurs équipes en chômage technique ou concentrées sur la gestion des locaux et des collections, d'innombrables écomusées et musées communautaires restaient présents sur leurs territoires, auprès du patrimoine conservé vivant par leurs communautés elles-mêmes. 

Un exemple parmi d'autres: le projet Comuniterràe, en Piémont (Italie), dont on peut retrouver les deux cycles de programmes 'Raccontami l'ecomuseo" sur Facebook et Youtube.

De mon poste d'observation, j'ai pu constater, à distance, les innombrables initiatives, les rencontres virtuelles, les innovations méthodologiques, les activités partagées, dans les domiciles, en plein air, entre voisins, et même entre pays et continents, pendant les périodes les plus confinées et aux moments plus libres. Je crois que jamais ces structures locales, communautaires, modestes, participatives, apparemment fragiles, n'avaient fait autant la preuve de leur utilité sociale, culturelle, et même économique, de leur adaptation aux changements et aux vicissitudes de l'actualité.

J'en veux pour preuve l’incroyable série de rencontres entre écomusées de plusieurs pays, intitulée Babel qui, à peine terminée après presque trois mois d'intenses échanges, vient d'être mises sur internet pour que tout le monde puisse en profiter : https://www.youtube.com/channel/UCKpUaZCM9hRuRAx6XC0fFUg.

On peut y ajouter les nombreuses manifestations qui ont marqué  et marquent encore le cinquantième anniversaire de l'invention du mot écomusée, comme le Forum de l’association des écomusées et musées

communautaires brésiliens (ABREMC).

 

Et maintenant, après 18 mois de hauts et de bas, des projets continuent à apparaître, qui marquent bien l’intensité et la qualité des travaux réalisés pendant ces mois difficiles, et aujourd'hui même, alors que nous sommes tous à peine déconfinés, je reçois l'annonce du lancement par le Réseau des écomusées italiens d'un programme d'envergure nationale intitulé "LES ECOMUSEES SONT LE PAYSAGE" (21 juin - 26 novembre 2021), dont la première manifestation couvrira la Semaine du Paysage, du 21 au 25 juin, c'est à dire demain. C'est un effort coopératif qui manifeste l'unité et la créativité de la famille des écomusées italiens et qui, à mon avis, dépasse de très loin par a=sa signification le cadre national.

Cette Semaine du Paysage pourra être suivie (en Italien évidemment mais peut-être un jour des résumés en anglais pourront être diffusés) sur facebook : https://www.facebook.com/Ecomuseiitaliani. On peut aussi trouver des informations complémentaires sur www.sites.google.com/view/ecomuseiitaliani et par mail à ecomuseiditalia@gmail.com.

 

*

 

Pour ceux qui peuvent lire l'Italien, je reproduis ici le communiqué de presse (je suis trop paresseux pour oser une traduction)

 

 

Partirà lunedì 21 giugno la Settimana del Paesaggio, il primo evento previsto all’interno della
rassegna nazionale GLI ECOMUSEI SONO PAESAGGIO, iniziativa promossa dalla Rete degli
Ecomusei Italiani in collaborazione con la Rete Ecomusei Piemonte.
La rassegna ricca e articolata, proseguirà con una serie di eventi a cura dalle reti regionali dal titolo Il
paesaggio visto dagli ecomusei (28 giugno – 30 settembre) e si concluderà in autunno con tre
importanti tavole rotonde dedicate al ruolo degli ecomusei rispetto alla crisi climatica, alla
Convenzione Europea del Paesaggio ed al Sistema Museale Nazionale.
La Settimana del Paesaggio vedrà la partecipazione di più di trenta ecomusei e soggetti diversi che
operano per la cura del paesaggio. Si cercherà di sviluppare una riflessione sulla necessità di mettere
a punto nuovi modelli di sviluppo locale basati su pratiche di sostenibilità ambientale e paesaggistica
in grado di promuovere nuovi modelli di economie locali auto-sostenibili.
Sette tavoli tematici alla presenza di personalità del modo della ricerca, delle istituzioni e del terzo
settore, permetteranno di approfondire le diverse declinazioni che può assumere il paesaggio per le
comunità che lo hanno prodotto e di dialogare sugli effetti possibili dettati dalle condizioni post-
pandemiche, guardando con particolare attenzione all’attuazione del PNRR.
Nell’ambito dei singoli tavoli tematici, saranno presentati alcuni dei 50 video raccolti come
testimonianza delle ‘’buone pratiche’ sul paesaggio sviluppate nel nostro Paese dalle Alpi al
Mediterraneo, che evidenziano il ruolo sempre più attivo delle comunità nelle decisioni degli enti locali
e territoriali, rispetto al tema delle filiere corte, dell’economia circolare, della difesa delle diversità,
della resilienza all’abbandono delle campagne, della partecipazione attiva, della ricerca del benessere
basata su azioni concrete di uno sviluppo locale sostenibile.
Una settimana quindi per tornare a parlare di paesaggio come bene comune e per tracciare un primo
resoconto dei risultati a 50 anni dalla nascita del concetto di ecomuseo.


 

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8 février 2021 1 08 /02 /février /2021 10:06

Cela fait un an que la pandémie nous donne, où que nous soyons, beaucoup de difficultés, d'angoisses, de deuils. Mais, l'humanité étant résiliente et éminemment adaptable et évolutive, cette crise aura produit des effets positifs, en suscitant nombre d'inventions, notamment dans le domaine tant des institutions que de la vie quotidienne. J'ai déjà ici dit mon émerveillement devant la créativité des acteurs du développement local et en particulier de la gestion du patrimoine vivant. L’utilisation, imprévue mais très rapidement adoptée avec enthousiasme, des technologies de communication par internet, visioconférences, webinaires, Whatsapp et autres, a permis à des professionnels et à des militants, isolés sur leurs territoires et débordés de tâches, de partager leurs expériences concrètes et leurs idées utopiques ou politiques, en fonction de leurs situations réelles, mais aussi en s'ouvrant à des dialogues ou à des débats avec des interlocuteurs éloignés, parlant d'autres langues, dans d'autres contextes.

L'année 2020 a vu ainsi le succès des rencontres virtuelles du programme EU-LAC sur les musées communautaires en Amérique Latine, dans les Caraïbes et en Europe, la mise en œuvre d'un programme pluriannuel d'échanges entre les écomusées italiens et brésiliens, de très nombreux débats et confrontations de pratiques  lancés par des groupes locaux, mais largement diffusés par les réseaux sociaux et sur Youtube et aussi, dans notre domaine, par la plateforme DROPS, touchant ainsi des personnes éloignées, parfois inconnues des réseaux organisés et peu habituées aux réunions internationales.

Curieusement, alors que les organisations professionnelles nationales et internationales se bornaient à des discussions plus ou moins théoriques sur l'évolution et la modernisation de leurs pratiques traditionnelles, les acteurs du terrain s'éloignaient de plus en plus de ces pratiques et cherchaient à trouver ensemble des réponses aux problèmes posés par la vie quotidienne des communautés, des territoires et des patrimoines, sans a priori.

On aurait pu penser que les restrictions qui touchaient les déplacements et les relations sociales mèneraient rapidement à un certain découragement et que le flux des initiatives se tarirait. Il n'en a rien été, bien au contraire. Même si je suis, par mon âge et mon éloignement du terrain, moins touché par l'information, moins actif sur les réseaux sociaux et moins impliqué dans ces initiatives, je suis impressionné par la poursuite de ce mouvement spontané qui va probablement se poursuivre après la fin espérée de la pandémie, car les liens qui se sont créés ne se détendront pas.

C'est ainsi que la rencontre de deux chercheuses, l'une plus orientée vers le patrimoine et l'institution muséale - Manuelina Duarte, Université de Liège (Belgique) et Université fédérale de Goias (Brésil) -, l'autre qui considère le patrimoine à partir d'un point de vue de développement territorial - Giusy Pappalardo, Université de Catane (Sicile, Italie), appuyées par leurs universités respectives, a abouti au lancement d'un vaste programme de réflexion et d'échanges sur le thème général "Gens de musée en dialogue" et sous le titre "La Tour de Babel". Le but de cette série de onze webinaires qui se dérouleront en français, italien et anglais entre le 12 février et le 26 avril "est de creuser les intersections entre paysage et patrimoine, ouvrant la discussion vers divers échanges transnationaux et transdisciplinaires. L'idée du titre est liée à l'opportunité d'explorer différentes langues, domaines et jargons impliqués dans le domaine des musées, leurs relations avec les gens, leurs territoires, le développement local et la muséologie. La grande question derrière ce voyage est de savoir comment les gens s'identifient aux signes tangibles et intangibles de leur passé, afin de planifier un avenir plus juste et inclusif, en période de transition écologique et de changements sociétaux."

Tous les sujets proposés sont passionnants et liés à des problématiques sociales, économiques et politiques. Leur examen en commun devrait aboutir, non pas à des spéculations philosophiques, mais à la révélation de situations nouvelles et à des réalisations concrètes sur le terrain, que l'on peut espérer se développer à partir de coopérations et de collaborations entre des acteurs locaux de différents pays et leurs institutions

.

Pour les détails d'organisation, voir  http://web.philo.ulg.ac.be/museologie/agenda/

Contacts:

babeltowerwebinars@gmail.combabeltowerwebinars@gmail.combabeltowerwebinars@gmail.com

Manuelina Duarte: mmduartecandido@uliege.be

Giusy Pappalardo: giusy.pappalardo@unict.it

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30 novembre 2020 1 30 /11 /novembre /2020 12:12

Le réseau des écomusées italiens et l'Association Brésilienne des Écomusées et musées communautaires (ABREMC), avec le soutien de la Plateforme internationale DROPS (https://sites.google.com/view/drops-platform), ont pris l'initiative de tenir, ces trois derniers mois, deux visio-conférences dans le but de formuler et d'adopter un programme commun de coopération entre les écomusées des deux pays. La rédaction d'une charte de principes et de valeurs communes et aussi propres à chaque réseau a donné une base à un plan d'actions décennal d'échanges d'informations et de personnes, de rencontres et de formations à distance, de projets de travail en commun. C'est la première fois, je crois que des responsables de musées de deux pays, en dehors de toute incitation ou de tout soutien de la part d'une institution publique, s'entendent sur une longue durée pour avancer ensemble dans l'expérimentation sociale et culturelle.

Voir: https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfwX-H2eUkuhgVqJCwIVawioLSKlCJhO-RgWlss2YpDrTUsmA/viewform

Cela a été rendu possible par plusieurs années d'échanges ponctuels qui ont créé des occasions de reconnaissance mutuelle, de communication au delà des différences linguistiques, de sympathies partagées. La visite de plusieurs membres de l'ABREMC à quelques écomusées italiens en 2011, la participation italienne au IV EIEMC de Belém en 2012, la venue d'une délégation brésilienne au Forum des écomusées et musées communautaires à Milan en 2016, un stage Erasmus d'une doctorante brésilienne dans les écomusées piémontais et d'autres participations croisées, tout cela a fait naître le désir d'étendre les relations à un nombre croissant d'écomusées et surtout de responsables de ces écomusées.

L'arrivée de la pandémie COVID 19 en cette année 2020, et la découverte des énormes possibilités offertes par les échanges visuels à distance, à travers Skype, Zoom, Meet, et autres, dont l’apprentissage était possible pour un minimum de connaissance technique, de temps et de coûts, a été le déclencheur d'un mouvement qui vient de se concrétiser par une charte et un programme d'action concertée.

On dépasse maintenant les classiques coopérations entre deux musées ou structures patrimoniales appartenant à des pays si possible parlant la même langue. Car brésiliens et italiens, même s'ils parlent deux langues d'origine latine, doivent quand même faire des efforts pour se comprendre, mais manifestement ils y arrivent, et il font cela dans la diversité des intérêts et des situations locales.

Je crois que ce n'est qu'un début et que d'autres inter-réseaux comme celui-ci vont voir le jour, même sans l'aide d'une pandémie. Une initiative analogue avait été lancée en 2016, entre les réseaux de musées autochtones ou indigènes du Brésil, du Mexique et du Québec; on peut espérer qu'elle reprendra et se développera, notamment avec l'aide des moyens de communication à distance que l'on maîtrise maintenant.  Je note aussi qu'en cette année 2020, un colloque international initié par deux institutions, le Museum National d'Histoire Naturelle de Paris et le Musée de l’Éducation de Santiago, a rassemblé un grand nombre de responsables de musées communautaires ou de militants de la muséologie sociale, dans le souvenir et pour l'actualisation de l'esprit de la Table ronde de Santiago de 1972. Les actes vont en être très vite publiés et il y aura peut-être des suites. Le fait que la pandémie ait empêché de tenir ce colloque "physiquement" avait obligé à le réaliser virtuellement, ce qui a permis à des dizaines de personnes intéressées, qui n'auraient pas pu aller à Santiago, d'y participer.

Il faut suivre tout cela car c'est sans doute là que réside un peu de l'avenir de nos institutions patrimoniales.

 

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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 11:11

Les écomusées, et en général tous les musées qui ne mettent pas la collection au centre de leur projet car ils s'intéressent plus au patrimoine vivant, à la communauté et au territoire, connaissent le problème: dans la plupart des pays, la reconnaissance légale et professionnelle du musée suppose l'existence d'une collection et d'activités de collecte, d'étude, de conservation et de présentation de cette collection. Comme me le disait publiquement le directeur des musées de France, en 1972, à Dijon, alors que je présentais le projet de "Musée de l'homme et de l'industrie" du Creusot, qui affichait alors son refus de toute collection, s'appuyant essentiellement sur le patrimoine existant sur le territoire: "un musée sans collection n'est pas un musée". En France, la loi impose à tout musée qui souhaite obtenir le label "Musée de France", la rédaction d'un "Programme scientifique et culturel" (PSC) essentiellement consacré à la description de la collection et de son utilisation. Un véritable écomusée ne peut répondre à cette exigence que par des contorsions littéraires.

Or l'Ecomusée du Fier Monde, à Montréal, a décidé depuis quelques années d'explorer, dans la théorie mais surtout dans la pratique, un nouveau concept: la collection écomuséale. Il s'agit de constituer, avec la population du territoire (le quartier Centre-Sud de Montréal), une liste de sites, de bâtiments, d'objets, de traditions, de savoirs considérés par cette population comme faisant partie de son patrimoine et qui seront placés, in situ, sous la responsabilité conjointe des habitants et de l'écomusée. On ne se préoccupe pas de leur conservation ou de leur restauration au sens physique de ces termes, mais de ce que l'on pourrait appeler un "soin", qui comprend l'étude, la mise en valeur, la vigilance sur leur usage et leur éventuelle transformation. Des contrats écrits sont passés pour concrétiser la collaboration entre l'écomusée et des habitants ou des groupes responsables au sein de la communauté. http://ecomusee.qc.ca/collections/definition-des-collections/

Cette idée a été reprise par l'écomusée de Fresnes (ou du Val de Bièvre), près de Paris, qui a commencé à appeler la population à apporter au musée, pour identification, étude et reconnaissance d'intérêt patrimonial, des objets porteurs de signification pour le territoire de la ville de Bièvre, son histoire, sa population, sa vie culturelle et sociale. Les objets sont ensuite restitués à leurs propriétaires, après signature d'un engagement conjoint d'en prendre soin, de les transmettre et de les rendre disponibles au cas où l'écomusée en aurait besoin pour une recherche, une exposition ou une autre activité. Ce projet commencé en 2017 a été placé sous le regard d'un comité de validation composé de membres de la communauté et d'experts.

Une remarquable exposition des objets ainsi "collectés" vient d'être inaugurée à Fresnes le 21 mars, accompagnée de visites de terrain et de rencontres et conférences entre l'écomusée, la société des Amis de celui-ci qui est très active et entreprenante, et une délégation de l'Ecomusée du Fier Monde, qui est aussi représenté dans l'exposition. Chaque objet de la collection écomuséale de Fresnes est présenté isolément, avec l'explication de son choix par la personne qui l'a proposé, le "désignateur", et des documents divers qui en restituent le sens dans le contexte local et historique.

Actuellement, l'écomusée de Fresnes se limite aux objets, mais la collection écomuséale pourra sans doute s'étendre plus tard à des édifices significatifs, à des sites et à des éléments immatériels, comme à Montréal.

Il faut enfin signaler qu'un troisième écomusée a adopté le principe de la collection écomuséale: il s'agit de l'Ecomuseo delle Acque di Gemona, dans le Frioul, en Italie: http://www.ecomuseodelleacque.it/visita-lecomuseo/collezione-ecomuseale/  Il devrait rejoindre bientôt les deux écomusées de Montréal et de Fresnes, pour approfondir le concept et la pratique de ce qui pourrait devenir une des  caractéristiques les plus significatives de l'écomuséologie.

 

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18 septembre 2017 1 18 /09 /septembre /2017 15:23

Je reçois d'Iñaki Arrieta <i.arrieta@ehu.es> l'invitation à contribuer au XIII Congreso - XIIIème Congrès annuel de l'Université du Pays Basque à San Sebastian sur le thème:

El patrimonio cultural en las sociedades líquidas:
qué bienes culturales conservar en la contemporaneidad
Le patrimoine culturel dans les sociétés liquides :
quels biens culturels conserver à l'heure actuelle ?


Universidad del País Vasco/Euskal Herriko Unibertsitatea - San Telmo Museoa
Donostia-San Sebastián (Gipuzkoa)

19-20 de Octubre - Urriaren 19-20an19-20 Octobre 2017

J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de "sociétés liquides" et que j'ai dû rechercher sur internet des informations à ce sujet. Par contre la question "quels biens culturels conserver à l'heure actuelle" est très claire et me paraît d'une grande pertinence et d'une grande audace, à une époque où les institutions, les professionnels du patrimoine et les amoureux du passé voudraient tout conserver ou même restaurer dans un état "authentique". On aurait pu d’ailleurs formuler la question un peu différemment, par exemple: "quels biens culturels sont utiles, et donc méritent d'être conservés, dans une perspective de développement soutenable ?"

Mais peut-être n'est pas très "liquide"  !

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24 juillet 2017 1 24 /07 /juillet /2017 18:15

Je reviens d'une trop brève participation à la Summer School de l'Université de Brescia en Italie, sur le thème de l'accessibilité au patrimoine, musées et monuments.  L'organisateur, Prof. Alberto Arenghi, est directeur du laboratoire de recherche et d'enseignement sur l'accessibilité de cette université (Laboratorio Interdipartimentale *Brixia accessibility lab").  On est là dans l'application aux musés, aux monuments et aux sites du principe de l'Universal Design, qui devrait inspirer toute la gestion (management) du patrimoine et de l'offre culturelle qui lui est associée.

Pour plus d'informations: http://bral.unibs.it/summer-school.

Castello di Brescia

Ce fut pour moi l'occasion de réfléchir à cette approche  particulière de la gestion du patrimoine. Je devais intervenir sur le cas particulier du Castello de Brescia, la forteresse qui domine la ville en son centre, depuis l'époque romaine. Cela m'a permis de traiter de trois modes d'accessibilité de ce patrimoine pour les habitants de Brescia, considérés comme les propriétaires moraux et culturels et comme les usagers: privilégiés de ce site exceptionnel, qui est l'objet d'une nouvelle programmation globale par la Fondazione Brescia Musei. J'ai ainsi distingué:

- l'accessibilité culturelle, de façon à n'exclure personne de la conscience de l'importance du patrimoine que constitue le Castello et de l'intérêt des activités diverses qui auront lieu sur le site, quelque soit l'âge, le niveau d'éducation ou la culture d'origine;

- l'accessibilité sociale: par l'aménagement des calendriers et des horaires, les coûts d'accès au site et aux activités, la mise en sécurité des lieux et des parcours, les services offerts sur place, l'attractivité et la diversité des activités, une bonne efficacité de l'information;

- l'accessibilité physique: grâce à des transports publics aux horaires adaptés, à des accès piétons balisés et éclairés, à des aménagements spécifiques pour les personnes à mobilité réduite (handicapés, personnes âgées, familles avec enfants petits).

Alberto Arenghi m'a donné un livre collectif, publié par lui et deux collègues en 2016, qui constitue un panorama de la question de l'accessibilité sous toutes ses formes, et aussi, par la richesse bibliographique des diffétents chapitres,une revue critique de la littérature, surtout de langue anglaise et italienne, sur le sujet:

Accessibility as a key enabling knowledge for enhancement of cultural heritage, edited by Alberto Arenghi, Ilaria Garofalo, Oddbjorn Sormoen, Milano, Franco Angeli, 2016, 184p.

Je profite de cette occasion pour rappeler le IV Congresso Internacional Educação e Acessibilidade em Museus e Património - Formação para a Inclusão: A Acessibilidade Universal é exequível ? qui se tiendra à Lisbonne et Batalha du 2 au 4 octobre prochain. On peut en consulter le programme sur  https://eamp2017.wordpress.com.

 

 

 

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11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 09:48

J'ai assisté hier à un grand colloque organisé par une association que j'ai récemment découverte: OLD'UP. Le thème était "Comment l'esprit vient aux vieux !". C'est bien la première fois que je m'intéressais à la question des vieux et du vieillissement. J'ai entendu beaucoup de psychiatres, psychanalystes, psychologues et autres gériatres très compétents et expérimentés qui m'ont beaucoup appris et surtout m'ont fait réfléchir. Je ne parlerai pas des débats. On trouvera sur le site de l'association (www.old-up.eu) non seulement le programme mais aussi les interventions enregistrées en "live".

Mais je voudrais partager quelques idées, non approfondies mais que j'ai notées en contrepoint ou en réaction à ce que j'ai entendu.

- Notre société - les institutions comme les individus, en France mais peut-être ailleurs aussi - identifie la date de la retraite professionnelle avec l'entrée dans la vieillesse; elle en fait une rupture, les optimistes parlent de deuxième vie, les pessimistes calculent le temps qui leur reste avant la mort. Je crois que la vie est une aventure continue, de la naissance à la mort, dont les modes d'occupation changent, ainsi que les moyens disponibles pour remplir les responsabilités que l'on doit assumer à chaque âge.

- Le vieux est indissociable de sa famille et de son environnement social. A 70 ans, beaucoup ont encore un ou deux parents vivants qui ont besoin d'eux, plus des enfants et des petits enfants qui ont aussi besoin d'eux, mais différemment. Quant à l'environnement, qu'il s'agisse d'engagement confessionnel, politique ou associatif, il représente un échange de l'ordre du don, où le vieux atteint le maximum de son utilité et de son efficacité (moyens financiers, compétences, temps libre). Dans ces deux domaines, le vieux subit des contraintes et des obligations nouvelles qui peuvent gêner la pure consommation de loisirs et de plaisirs individuels, à laquelle il est sans cesse invité par l'offre commerciale et "culturelle", soutenue par la mode et le conformisme.

- Il faudrait mener une réflexion spécifique sur la place des vieux dans le développement local. Ce sont des acteurs. Une commune où la population âgée croît est considérée comme en déclin. Pourquoi ? N'y a-t-il pas des activités à inventer, des emplois et des entreprises à créer, des savoirs à valoriser, à partir de cette ressource, par les vieux, avec les vieux et pour eux. ? Aménagement et remise sur le marché d'un patrimoine immobilier vétuste; accueil de classes patrimoine ou d'ateliers-stages d'apprentissage de techniques, de recettes, de savoirs anciens; création d'emplois qualifiés d'auxiliaires de vie et d'agents para-médicaux; logement d'apprentis et de travailleurs saisonniers... tout cela qui souvent existe déjà dans certains endroits - et bien d'autres choses à inventer et à expérimenter - peut participer au développement des territoires.

- Le patrimoine, qui est une de mes préoccupations en tant que bien commun de toute communauté locale, est un héritage qui nous arrive par les vieux. Ils en sont les détenteurs, mais ils ne peuvent pas toujours en être les gardiens, cette responsabilité revenant surtout à des générations plus jeunes. Ils en sont cependant les interprètes, les médiateurs, et ils en font partie eux-mêmes, comme porteurs de l'immatériel.

- Attention à ne pas rester entre experts, spécialistes, militants issus des mouvements sociaux et culturels et des milieux aisés des grandes agglomérations. Les vieux sont partout, y compris dans le milieu rural "profond", ou dans des petites villes peu connectées à l'innovation sociale. Je pense aussi aux pays et régions d'émigration, où les plus dynamiques s'en vont, tandis que les vieux restent presque seuls à maintenir le territoire en vie et à prendre des initiatives pour convaincre les jeunes de rester ou de revenir.

- En milieu rural les foyers ruraux, en milieu urbain les centres sociaux, plus tout le milieu associatif, qui font déjà tant pour le loisir et la santé des personnes âgées, pourraient devenir des partenaires créatifs et rentables des stratégies de développement, si l'on considérait le "vieux" comme une ressource humaine disponible et mobilisable. Et je parle ici du système français de l'éducation populaire et de l'action sociale, mais je suis sûr que cela existe sous d'autres formes et d'autres noms dans tous les pays.

J'ai appris hier l'existence d'un réseau international d'échange d'expériences entre "seniors" sur le vieillissement durable, appelé "Pass It on Network". Voir http://passitonnetwork.org/

Etant vieux moi-même, je me suis fait plaisir en écrivant cela. Mais après tout un blog c'est aussi fait pour se faire plaisir !

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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 09:39

Le Réseau Industrie, Histoire et Patrimoine (RIHP), constitué en novembre 2012, réunit des centres de recherche, des universités, des associations et des chercheurs intéressés par les sujets que l’on peut résumer par les trois mots Industrie, Histoire et Patrimoine.

Le RIHP propose un espace, ouvert et pluriel, de réflexion et de débats interdisciplinaires dont le but est la promotion de programmes et de projets de recherche concernant l’industrie comme réalité sociale globale déterminante dans l’histoire du monde contemporain. Il étudie sa relation au développement économique et social, y compris le patrimoine culturel immatériel et matériel (technologie et savoir-faire technique, pratiques sociales et culturelles, infrastructures, équipements et objets, sites et paysages) qui lui est associé.

Le Réseau organise en particulier des rencontres scientifiques destinées à présenter et à partager les connaissances dans les domaines de l’Histoire, de l’Industrie et du Patrimoine lors de forums de discussions ouvertes et interdisciplinaires sur la problématique de l’industrialisation et des dynamiques articulant l’histoire, l’industrie et le patrimoine, prenant en compte le contexte politique, économique, social, culturel et géographique dans lequel elles s’insèrent.

Les deuxièmes Rencontres se tiendront les 16, 17 et 18 avril 2015, à Tomar. Elles marqueront la participation du RIHP aux manifestations de l’Année européenne du Patrimoine technique et industriel qui aura lieu en 2015.

Nous convions tous les chercheurs et spécialistes intéressés à participer à ces deuxièmes Rencontres.

Les lignes thématiques suggérées sont :

.Histoire de l’industrie;

.Archéologie industrielle;

.Industrie, industrialisation et d´désindustrialisation à l’époque contemporaine;

.Société industrielle, ses agents et ses acteurs;

.Patrimoine industriel;

.Musées, anciennes usines et sites industriels.

Plus d'nformation: http://historia-patrimonio-industria.blogspot.pt/p/call-for-papers.html

 

Le site de Tomar n'est pas seulement important à cause du célèbre Convento do Cristo, un ensemble monumental du moyen âge et de la renaissance, inscrit au patrimoine mondial. C'est aussi un site majeur de l'historie pré-industrielle et industrielle du 13° siècle au début su XXI° siècle. Voici une brève description de cet ensemble, appelé "Levada de Tomar":

 

Le nom de Levada (levée) de Tomar désigne un ensemble d’installations artisanales et industrielles dont l’histoire couvre une longue succession de siècles, du moyen âge à l’époque contemporaine en passant par la période moderne. Son origine remonte à la fin du XII° siècle et, à travers une succession complexe de transformations des espaces et des techniques, son activité industrielle s’est maintenue jusqu’à la fin du XX° siècle et même, pour un groupe d’ateliers, jusqu’au début du XXI°.

Cet ensemble de bâtiments est situé sur la rive du Rio Nabão. La localisation géographique du site, totalement inséré dans le tissu urbain, est étroitement liée à la raison d’être et aux fonctions technique, productive et économique des équipements qui ont été installés ou adaptés successivement dans ce lieu, au cours des siècles. Elle lui confère une qualité paysagère très spéciale, en plein centre historique de la ville, là où l’on peut le mieux lire l’interaction permanente de l’homme et du milieu, ainsi que l’évolution de l’aménagement de l’espace et des façons d’occuper le territoire.

Dans une situation très intégrée entre le Rio Nabão, un bief de dérivation et un barrage, on découvre les bâtiments des anciens moulins à farine et à huile (dont les roues verticales et horizontales étaient alimentées par l’énergie hydraulique), deux anciens moulins industriels (témoins de l’usage alternatif de l’énergie hydraulique et électrique), une fonderie et des ateliers métallurgiques, une centrale électrique. De plus, des vestiges archéologiques sont à dégager et à mettre en valeur.

La Levada de Tomar est l’objet, depuis 2011, d’une politique municipale de requalification et de réhabilitation architectonique du site, préalables à la création d’un complexe muséologique, appelé Musée de la Levada de Tomar. Ce futur musée résultera d’une succession d’actions intégrées de recherche, notamment archéologique et historique, de sauvegarde et de protection du patrimoine culturel, pour aboutir à la création d’un ensemble muséal qui deviendra une composante du processus de développement scientifique, culturel, éducatif et social du territoire de Tomar, ainsi qu’un facteur de dynamisation de l’économie et du tourisme local.

La rencontre sur le patrimoine industriel qui se tiendra à Tomar du 15 au 18 avril 2015 sera une occasion de visite le site, de prendre connaissance des problèmes qu’il pose, des solutions envisagées et des principales parties prenantes du projet. La liaison physique entre ce patrimoine municipal et le Convento do Cristo, monument national qui fut à l’origine des premières industrie de la Levada sera aussi un sujet de réflexion.

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 09:09

Cette information publiée sur les réseaux sociaux est importante, pour plusieurs raisons: la conférence se passera en Asie, en anglais et sur des thèmes qui ne sont pas habituels. On n'y parlera pas d'abord de collections, de conservation ou de publics. L'initiative n'est pas prise par le monde occidental des musées ou par l'Unesco. Amareswar Galla continue ses efforts pour libérer le musée de traditions conservatrices et pour continuer le mouvement commencé en 1972 à Santiago du Chili. J'espère que malgré la difficulté de financer le voyage et pour certains de s'exprimer en anglais, les gens des musées communautaires de tous pays seront présents ou se feront représenter à New Delhi.

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The Eighth International Conference on the Inclusive Museum by Common Ground Publishing, the USA, and in partnership with the International Institute for the Inclusive Museum,, will be hosted by the National Science Centre, New Delhi, India. The theme of the conference is "Museums as Civic Spaces". The conference is scheduled to be held from August 7, 2015 to August 9, 2015 in which many museum experts and professionals from all over the world are going to participate and make presentations. Case studies, demonstration projects and multiple voices will inform the sessions with papers from all kinds of museums - social history, anthropology, archaeology, art museums to science museums, ecomuseums and heritage parks.
More information about the conference can be accessed at - http://onmuseums.com/the-conference
The only avenue for paper proposals is through the Conference web page: http://onmuseums.com/the-conference/call-for-papers
Research students are encouraged to apply for: http://onmuseums.com/the-conference/graduate-scholar-awards
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August 8 Museum Day has four options for workshops with limited places:

  • Option A: Theme: Civic Spaces, Community Engagement and Active Citizenship
  • Option B: Theme: Museums as Sites for Safeguarding Intangible Heritage
  • Option C: Theme: Rethinking Museums Without Walls in the Digital Domain
  • Option D - Theme: Inclusive Conceptualisation of Art and Aesthetics

Professor Amarewar Galla, PhD,

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