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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 17:00

J'assistais l'autre jour à une réunion de représentants d'associations d'éducation populaire, des droits de l'homme et du secteur sanitaire et social, dont le but était de constituer d'urgence un lobby de défense des intérêts de ces associations et en général du monde associatif, face à ce qu'ils considèrent comme l'abandon progressif par le gouvernement et les collectivités territoriales de certaines subventions. Ils revendiquaient le maintien en 2014 des subventions habituelles en volume et si possible leur augmentation, en raison de l'accroissement des problèmes sociaux et de la précarité.

On sentait que les personnes présentes considéraient que ces subventions étaient un droit, découlant du rôle essentiel qu'elles jouent au bénéfice de la société.

On apprenait qu'il y a environ 1,3 million d'associations en France et que cette baisse des subventions publiques allait entraîner la fermeture de beaucop d'entre elles.

Il faut être sérieux, quand on aborde des sujets aussi graves, surtout dans le moment actuel. Je trouve personnellement que la création de lobbies de ce genre est un acte d'incivisme.

 

On devrait se poser plusieurs questions, en préalable à toute démarche au nom des associations:

 

1. Est-il décent d'exiger pour les associations un tel traitement de faveur, alors que le gouvernement annonxce qu'il  est obligé de réduire en 2014 les budgets de la défense, de la culture, des affaires sociales, peut-être même de l'éducation ?

 

2. Ne doit-on pas, en préalable à de telles revendications, se demander si beaucoup d'associations ne font pas double emploi entre elles, voire se concurrencent, si elles sont correctement gérées, si elles font le nécessaire pour trouver parmi leurs militants et leurs bénéficiaires les ressources propres qui leur garantiraient un minimum d'autonomie ?

 

3. Une association, par définition (voir la loi de 1901), est constituée au départ exclusivement par des bénévoles qui se groupent pour poursuivre un objet social. Combien d'associations restent effectivement des organisations bénévoles qui pourraient exister sans un nombre toujours croissant de salariés qui exercent le pouvoir réel ?

 

4. Si une association est appelée à gérer une institution ou un service public, ce qui arrive souvent par abandon par l'Etat et les collectivités d'un pan de leurs responsabilités, doit-elle toujours s'accrocher au slogan de son soi-disant caractère "non-lucratif" ? Une association qui fonctionne comme une entreprise a intérêt à faire des bénéfices, pour les affecter, soit à des réserves ou à un fonds associatif (équivalent d'un capital non partageable), soit au développement de son activité statutaire (mais évidemment pas à l'augmentation des salaires de ses dirigeants salariés !).

 

Maintenant qu'il existe des statuts, notamment coopératifs (UES, SCIC, GIP, Fondations, etc.), qui permettent de faire mieux ce que font tant d'associations créées lorsqu'il n'existait aucun autre statut, ne faudrait-il pas réviser sérieusement la loi de 1901 pour exiger que le bénévolat soit la règle et le salariat l'exception ? Toute association ne devrait vivre que de ses membres. Une subvention extérieure ne devrait jamais couvrir le budget de fonctionnement normal de la structure. Malheureusement, les manifestations qui ont marqué en 2001 le centenaire de la loi ont été seulement des célébrations de congratulation. Elles auraient dû poser ces questions et bien d'autres.

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