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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 11:30

Plusieurs nouvelles récentes dans le journal local (le Bien Public, quotidien de la Côte d'Or)) ont attiré l'attention générale sur la mise en vente de trois châteaux importants, à Gevrey-Chambertin, La Rochepot et Nogent les Montbard. Des conversations avec des amis m'ont remis en mémoire  des réflexions que j'avais déjà eues il y a plus de trente ans, à propos d'une situation familiale.

 

Par ailleurs, ces derniers jours, j'ai découvert qu'une fête religieuse locale était programmée dans mon village. La messe qui en constitue le premier acte ne devait pas se passer dans l'église locale, "pour attirer plus de monde". Or cette église est l'une des trente églises de notre secteur paroissial qui ne servent pratiquement jamais, au plus une fois par an, compte tenu de la rareté des prêtres et du faible nombre de pratiquants (3 à 5 sans doute pour la plupart des villages.

 

Quelle est la situation au niveau national ? Plusieurs milliers de châteaux, souvent historiques, généralement entièrement privés, ne peuvent plus être entretenus par leurs propriétaires, qui en réalité n'y vivent plus et dont les enfants ne souhaitent pas assumer la charge. Environ 30.000 églises, anciennes ou récentes, ne sont plus utilisées, mais restent à la charge des communes, en application de la loi de 1905. Elles sont donc entretenues par le contribuable qui, à au moins 95%, ne pratique plus.

 

Ces édifices, dont un certain nombre sont soit classés, soit inscrits à l'inventaire national des monumenrs historiques, mais qui tous représentent des éléments importants et visibles du patrimoine local, ne servent plus à rien, ou bien ne serviront plus à rien dans dix ou vingt ans au maximum, suite au changement des habitudes. Du moins pour leur usage originel, la résidence permanente ou de vacances pour les châteaux, le culte pour les églises.

 

Certes, des essais de transformation d'usage ont été faits depuis trente ou quarante ans, mais aucun n'est  satisfaisant ou n'a duré plus d'une ou deux générations. Des châteaux ont été utilisés comme colonies de vacances, maisons de retraite, centres culturels ou musées. Les colonies de vacances ne sont plus à la mode;  les maisons de retraite doivent respecter des normes inconciliables avec des bâtiments anciens. Les centres culturels et les musées doivent être pris en charge par des crédits publics qui sont de moins en moins disponibles, face aux priorités éducatives, sociales ou sanitaires qui s'imposent aux collectivités territoriales..

 

Pour les églises, le fait qu'elles soient affectées au culte et que tout usage non religieux soit soumis à autorisation diocésaine, réduit leur utilisation publique. D'ailleurs la plupart des communes de France se sont maintenant équipées en "salles polyvalentes" de construction récente, qui feraient double emploi avec un usage "profane" des églises.

 

Le tourisme ne concerne que certains de ces édifices et il est généralement totalement insuffisant pour permettre le simple entretien quotidien Sans compter que, à de rares exceptions près, l'aménagement spécifique et la gestion en vue de la visite touristique des églises et châteaux coûtent nettement plus cher que les recettes qui en sont retirées. Et le tourisme lui-même est une industrie fragile, qui dépend du pouvoir d'achart, de la mode, du climat, etc.

 

Il semble que ce problème d'ampleur nationale, qui a des dimensions psychologiques, culturelles, économiques, soit tabou. personne n'en parle. Il n'entre pas dans les études statististiques et prospectives. Il ne fait pas partie des travaux sur la soutenabilité des programmes de développement. D'autres pays européens connaissent la même situation. A ma connaissance; l'Union européenne ne s'en préoccupe pas.

 

Or il existe plusieurs hypothèses à étudier:

- laisser se détruire de façon raisonnée et contrôlée 50% ou 70 % de ce patrimoine inutile pour conserver dans de bonnes conditions des édifices réellement importants et utiles (sous la responsabilité des collectivités territoriales);

- encourager la création d'un marché exogène pour les châteaux: il semble que actuellement les oligarques russes et les nouveaux-riches chinois soient friands de résidences de prestige en France;

- desaffecter l'immense majorité des églises, détruire leurs clochers (coûteux à couvrir et entretenir) et réuitiliser leurs espaces intérieurs pour des activités d'utilité sociale, économique, éducatrive, culturelle, ou même pour de l'habitat temporaire ou permanent;

- créer un réseau national d'hôtellerie de type "parador", de haute et moyenne gamme, en modifiant les normes d'aménagement pour permettre l'utilisation de châteaux sans défiguration des extérieurs comme des intérieurs

- etc. etc. à chacun dde donner des idées ou d eproposer des expériences.

 

Mais il faut en parler.

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commentaires

E
je serai très intéressée d'avoir d'autres pistes de réflexion de votre part sur ce sujet, je vais certainement y consacrer mon mémoire de fin d'étude. Je me documente actuellement sur les Centres<br /> Culturels de rencontre, de beaux projets de réutilisation culturelle du patrimoine.
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