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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 17:46

C'est un débat très français que celui des atteintes aux paysages dues à l'implantation d'équipements ou de constructions répondant à des besoins actuels. Pour beaucoup, le paysage est sacré, et il ne doit donc pas être modifié. Ce n'est pas nouveau: on s'est battu pour interdire de couper les arbres au bord des routes, on ne compte plus les procès faits à l'Etat ou aux communes contre des changements d'éclairage urbain, des constructions d'autoroutes, la construction de bâtiments publics ou de logements de style contemporain à côté de cathédrales ou dans des sites classés... La loi Malraux a consacré l'inviolabilité de secteurs urbains dits "sauvegardés" (mais aussi la spéculation immobilière qui les accompagne).

Et maintenant, à l'occasion d'une nouvelle "loi patrimoine", le Parlement se divise dans une nouvelle lutte des Anciens et des Modernes, pour savoir si les éoliennes sont des facteurs de destruction du patrimoine et notamment si leur présence à moins de 10 kilomètres d'un monument ou d'un site classé doit être autorisée par un architecte public qui de toute manière jugerait en fonction de son goût personnel, car il n'y a guère de critères objectifs en la matière.

Est-ce que le paysage est une création vivante, évolutive de la société, ou bien est-ce une "valeur" intangible administrée par des experts ? A côté de chez moi, en Bourgogne, dans le paysage auquel je suis habitué, il y a depuis deux ans 16 éoliennes dans un rayon de 10 km où il y a des monuments historiques et de très "beaux" sites. Mais il y a aussi, dans "mon" paysage, et depuis longtemps, deux lignes à très haute tension, des pylônes de communication sur des points culminants, des silos à grain qui cohabitent visuellement avec une collégiale du 12° siècle. Il y a aussi des milliers de frênes qui sont en train de mourir de maladie et qui vont laisser des trous dans la couverture forestière.

Ce sont autant de changements que je n'aurais sans doute pas souhaités, mais auxquels on s'habitue. Et au moins, les éoliennes, elles bougent, elles donnent de la vie au paysage, plus que les lignes à haute tension.

Alors cessons de souffrir du syndrome du patrimoine de l'UNESCO: tous nos paysages, heureusement, ne sont pas soumis à des règles stérilisantes justifiées par la nécessité de plaire aux esthètes et aux touristes. Faisons le maximum pour intégrer au mieux le nouveau dans l'ancien, mais adaptons-nous aux changements qui répondent à des besoins réels: l'énergie, la nourriture, le logement, la communication.

PS. Il y a d'autres arguments que celui du paysage pour s'inquiéter de projets pharaoniques, qu'il s'agisse de nouveaux musées, de méga-centres commerciaux, d'aéroports ou de lignes à grande vitesse... Par exemple l'argument de l'utilité sociale ?

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