Je reviens de Milan, où j'ai pu participer au Forum des écomusées et musées communautaires (6-8 juillet) qui se tenais pendant la 24° Conférence générale de l'ICOM. J'y ai constaté que l'écomuséologie, comme expression du mouvement écomuséal mondial, existe bien. Comme les écomusées qui lui ont donné naissance, c'est un processus qui ne se réduit pas à une définition ou à des manuels, mais qui invente sans cesse de nouvelles solutions aux problèmes de notre temps, à la lumière et avec l'aide du patrimoine.
On trouvera plus tard dans le Rapport final qui sera publié, les détails de cette rencontre et les résultats obtenus. Je veux seulement, à chaud, livrer mes impressions et conclusions personnelles, sans littérature et sans précautions diplomatiques.
1. il y a un socle commun de principes et de pratiques, partagé par tous ceux qui se reconnaissent dans les termes "écomusée" ou "musée communautaire". Ce socle va sans doute, dans les mois et les années qui viennent, servir de base à une "plate-forme" internationale, qui est déjà préfigurée par le réseau des écomusées italiens et par une impressionnante liste d'engagements individuels souscrits le 7 juillet à Milan, sur une feuille dont je donne ici, symboliquement, la photo.
.2. après avoir pris en considération le thème de la Conférence générale de l'ICOM, "Le musée et le paysage culturel", les écomusées ont unanimement reconnu que chacun d'eux est, sur son territoire, le paysage, puisqu'il a vocation pour traiter et gérer le patrimoine vivant de la communauté, avec celle-ci, sans faire de différence entre le naturel et le culturel, ou entre le tangible et l'intangible.
3. les contacts pris avant le Forum et pendant celui-ci, tant avec l'ICOM qu'avec l'ICOMOS, ont clairement montré que les écomusées se situent entre ces deux mondes, celui des musées de collections et celui des monuments et des sites protégés, en ce qu'ils représentent le patrimoine et le paysage vivants, in situ, pour en faire des matériaux, des acteurs et des facteurs de développement, de cadre de vie et de qualité de vie, au service et avec la participation des populations.
4. l'écomusée est un projet culturel, social, éducatif et économique, qui ne peut pas se réduire à l'une de ces dimensions. Il est en outre trans-disciplinaire, en ce qui ne peut privilégier un seul mode de connaissance et d'interprétation du patrimoine et du paysage. Pour ces raisons, il ne peut appartenir au seul secteur culturel, comme c'est actuellement généralement le cas, et encore moins au seul secteur des musées, au sens traditionnel..
5. la collaboration entre tous les écomusées, qui a été tellement souhaitée à Milan, sera toujours difficile parce que les écomusées sont des structures pauvres et isolées, leurs responsables parlent peu les langues étrangères. La plate-forme dont je parlais plus haut sera donc sans doute surtout virtuelle et progressivement investie par les plus jeunes. Mais cela n'arrêtera pas les programmes et les projets entre écomusées de différents pays.
6. Le Forum a bien montré l'importance des réseaux d'écomusées, à tous les niveaux, régional, national et international. Ce seront probablement ces réseaux qui devront s'organiser pour être en mesure d'échanger, de partager, de se montrer solidaires et de témoigner des enseignements, des innovations et des solutions expérimentés.par leurs membres.
7. Les écomusées italiens sont actuellement, dans le monde, le principal laboratoire d'écomuséologie, par leur nombre et leur diversité, par leur créativité aussi. Ils offrent une gamme complète de toutes les formes d'écomusées, urbains, périurbains et ruraux, municipaux ou associatifs. Leur expérience des législations régionales, leur tentative actuelle d'organisation nationale, les difficultés qu'ils rencontrent face aux conditions socio-économiques actuelles, rendent très utile l'observation de leurs évolutions et de leurs réflexions.
Bien entendu, de nombreux écomusées ou musées communautaires n'étaient pas présents à Milan, presque toujours pour des raisons financières. Une vingtaine de pays seulement étaient représentés, mais les contributions envoyées venaient de plusieurs autres
En attendant les publications et le rapport final qui ne devraient pas tarder à être disponibles sur Internet, on peut trouver des informations sur le Forum, les communications qui lui ont été soumises et sur l'atmosphère générale des débats sur le site www;ecomusei. eu. On peut aussi s'adresser à ce site (info@ecomusei.eu) pour faire des propositions et marquer son intérêt pour la plate-forme à venir.
Merci enfin à nos amis italiens pour cet apport à la cause du patrimoine et du développement.