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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 16:56

Aujourd'hui, jour de la manifestation contre le mariage des homosexuels à Paris, je tiens à dire que cette manifestation est une erreur politique. Quoiqu'on pense personnellement du "mariage pour tous", il sera légalisé et entraînera également l'adoption pour tous. Cela ne changera pratiquement rien à la situation actuelle, moins légale mais "de fait", et qui existe ou existera bientôt légalement dans tous les pays européens. Ce qui est en jeu est l'extension du droit à la procréation médicalement assistée (PMA), bien au delà de la législation actuelle qui la limite aux couples stériles, sous des conditions très strictes. Or de cela on ne parle presque jamais, alors que ce n'est ni un problème religieux, ni un problème moral, mais un problème d'éthique, qui fait partie de ce lui plus général des organismes génétiquement modifiés (OGM).

 

Je trouve aujourd'hui dans le Monde daté 13-14 janvier, un billet excellent d'Hervé Kempf, que je me permets de reproduire intégralement ici:

 

Le mariage et l’écologie

Europe Ecologie-Les Verts (EELV) est favorable au mariage homosexuel. Plus cohérent que le Parti socialiste (PS), EELV lie logiquement cet état revendiqué du droit à sa conséquence, la possibilité de recourir à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples ainsi mariés. En effet, les couples homosexuels, en tant que couples, sont nécessairement stériles. Dès lors, le mariage leur ouvre le droit de recourir à la PMA. Une autre conséquence logique devrait être, dans la foulée, l’ouverture du droit au recours à la gestation pour autrui. La position d’EELV découle de ce qu’il considère que l’enjeu du mariage homosexuel est le refus de la discrimination et «le progrès du droit des individus» (Cécile Duflot, Libération du 9 décembre 2012).
Légitime, cette position n’exprime cependant pas celle de tous les écologistes. Car, si l’on peut avancer qu’ils s’accordent sur l’égalité des droits et le refus des discriminations sexuelles, nombre d’entre eux s’inquiètent des conséquences collectives de ce «progrès du droit des individus ».
Un des piliers de la réflexion écologiste, dans le fil notamment des réflexions d’Ivan Illich et de Jacques Ellul, est en effet le questionnement de la technique, la critique de son caractère autonome, le refus de son caractère illimité. Les effets en sont, selon les écologistes, à la fois néfastes pour l’environnement – parce qu’elle favorise une transformation de plus en plus nuisible de la biosphère – et aliénante – parce qu’elle conduit à rendre l’humain esclave de son outil. Or la PMA s’inscrit pleinement dans cette analyse : «On ne peut être contre la fuite en avant technologique quand il s’agit des prouesses des nanotechnologiques et pour quand il s’agit de faire des enfants», dit Alain Gras (sociologue des techniques à l’université Paris-I). Michel Sourrouille, membre d’EELV, rappelle qu’Ivan Illich distinguait les outils permettant à l’humain de s’épanouir et ceux qui l’asservissaient en créant de nouveaux besoins. Selon lui, la PMA appartiendrait à cette dernière catégorie. Jacques Testart, coauteur de Labo Planète (Mille et une nuits, 2011), estime que la PMA est justifiée quand il s’agit de femmes stériles, mais il «résiste à la perspective des PMA pour les homosexuels ». Débat tranché ? Certes pas. Mais l’enjeu technique donc écologique de cette évolution possible du droit doit être clairement posé et débattu.

 

J'ajouterai que la PMA généralisée permettrait sans doute, avec le progrès constant de la recherche biologique, d'aboutir à des pratiques d'eugénisme (choix du sexe de l'enfant, rejet de l'enfant anormal) et à une judiciarisation des produits non conformes au souhait des parents).

 

Hugues de Varine

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