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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 12:22

Mon dernier voyage au Brésil a été l'occasion de constater, une fois de plus, la différence entre nos quartiers populaires européens, faits de HLM à la périphérie des villes, et les excroissances urbaines qui existent pratiquement dans tout le Brésil: favelas ou simples quartiers souvent très dégradés, marginaux, violents.

En Europe, il s'agit de zones urbaines organisées, construites spécialement avec un maximum de moyens, habituellement dans les années 60 et 70 du siècle passé, par des urbanistes et des architectes, pour des populations ouvrières, souvent immigrées. Tout est prévu dès le départ, y compris les services publics, les centres commerciaux, les loisirs, et le modèle social européen (ou français) permet de compenser partiellement les handicaps sociaux. Et  nous pensons et nous disons que ces quartiers sont des "lieux de non-droit", des territoires de la drogue et de la délinquance, les policiers n'osent pas y entrer, etc.

Au Brésil (j'en ai visité à Rio de Janiero, à Brasilia, à Fortaleza, à Porto Alegre, à Belém), c'est totalement différent. On y assiste, dans chaque quartier, à la naissance d'une véritable ville. C'est un peu sans doute la manière dont les villes naissaient en Europe, au Moyen-Âge et jusqu'au milieu du 19° siècle: ni architectes, ni urbanistes, pas de plan directeur urbain, rien n'est organisé. Chaque famille qui s'installe construit son propre domicile, là où elle peut. La ville naît ainsi, spontanément, et la communauté des habitants se constitue dans les conflits et les solidarités. Au départ, il n'y a rien, puis progressivement, tout se crée, y compris les services sociaux, les écoles, les lieux de culte. Des leaders se manifestent spontanément. Souvent des gangs violents prennent des pouvoirs de contrôle et de domination. Des commerces apparaissent pour répondre aux besoins de base, des emplois locaux se créent, des associations répondent à des demandes collectives particulières.

Evidemment, tout n'est pas rose dans ces quartiers. Mais finalement est-ce pire que chez nous ? Et comme on ne peut pas attendre grand chose des pouvoirs publics, c'est de l'initiative invididuelle et collective que vient la solution des problèmes qui se posent aux gens: c'est ce que j'appelle la culture vivante, ou même la culture tout court..

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