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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 14:33

Le Monde, mardi 10 décembre 2013, page14 - link

Un scandale de plus qui montre que l'amour de l'art (???) s'oppose souvent à la culture vivante.

Des objets d'origine amérindienne Hopi et Apache sont mis en vente, pour la seconde fois cette année à Paris. L'ambassade des Etats-Unis à Paris demande que cette vente soit retardée pour permettre aux amérindiens concernés de faire valoir leurs droits ancestraux sur des pièces de valeur religieuse et culturelle qui n'auraient jamais dû quitter leurs communautés. Un juge français a tranché: "...Si la vente de ces objets culturels peut constituer un outrage à la dignité de la tribu Hopi, cette considération morale et philosophique ne donne pas à elle seule droit au juge des référés de suspendre la vente de ces masques qui n'est pas interdite en France." On voit bien là que la France qui défend des valeurs soi-disant universelles impose le droit des marchands d'art, des collectionneurs et des musées européens à celui de communautés qui ont d'autres valeurs et qui se préoccupent de défendre ou de récupérer leur patrimoine spirituel qu'elles considèrent inaliénable.

Il y a quelques années, la France adoptait une loi pour permettre de restituer à la Nouvelle Zélande et aux Maoris des têtes d'ancêtres appartenant à des musées, contre l'avis de la corporation des conservateurs de musées, pour qui leuirs collections sont définitivement inaliénables. Ce qui est inaliénable pour nous ne le serait pas pour les Hopis ?

Quand respecterons-nous la culture des autres ?

 

Suite: une fondation américaine a racheté certains masques pour les restituer aux Hopis. Honte pour la France et les collectionneurs.link

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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 15:38

Douglas Worts, le muséologue canadien, ancien de l'Art Gallery of Ontario à Toronto, est maintenant consultant indépendant comme  "spécialiste en culture et soutenabilité" (ou durablilité, comme disent curieusement les français). Il est intervenu récemment au congrès des musées de Colombie Britannique sur le thème du musée comme acteur du changement. C'est un point de vue hérétique pour beaucoup, conservateurs, muséologues ou même visiteurs, pour qui le musée est d'abord un trésor où Il ne faut surtout rien changer, sauf pour ajouter aux collections. Pour d'autres, il est au contraire bienvenu et correspond à bien des interrogations essentielles pour l'avenir du patrimoine et des musées.

 

Je crois que les idées provocantes exprimées par Douglas peuvent faciliter notre recherche d'un avenir pour les musées qui soit différent et plus créateur que leur fonction dominante de conservation.

 

Vous pouvez trouver sa présentation en cliquant ici link

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19 août 2013 1 19 /08 /août /2013 14:38

 

Lu dans le Bien Public du dimanche 18 août un article bien documenté sur le retable du Jugement dernier de Rogier Van der Weyden aux Hospices de Beaune. Sa lecture m’a rappelé une histoire qui est très significative du désordre actuel des idées en matière d’art.

Il y a quarante ans, un ami, René Sneyers, alors directeur de l’Institut Royal du Patrimoine Artistique de Bruxelles, qui séjournait en vacances chez moi en Bourgogne, a été consulté informellement sur la possibilité technique (en matière de conservation physique, éclairage, climatisation, etc.) de replacer, après restauration, le polyptyque dans son emplacement original, sur l’autel de la chapelle de la salle des malades de l’hôpital. Il se serait agi de reconstituer l’aménagement ancien de cette salle avec le Christ aux Liens de Claus Sluter au dessus de la porte d’entrée de la salle et le retable du jugement dernier sur l’autel. La tradition en effet voulait que lors de l’agonie d’un malade, une procession traverse la salle en chantant les prières des agonisants, dans un parcours symbolique, entrant sous le regard du Christ de pitié puis allant jusqu’au jugement denier.

On était là en pleine démarche spirituelle et mystique, aidée par l’art : un exemple parfait dans notre vocabulaire actuel de la liaison entre les aspects matériel et immatériel complémentaires de l’art, donc du sens et de l’utilisation de l’œuvre.

Ce schéma – techniquement et scientifiquement réalisable – a été abandonné, paraît-il sous la pression du gardien-guide "historique" des Hospices, qui gagnait ses pourboires en montrant aux visiteurs émerveillés, avec une grosse loupe, les larmes dans les yeux des damnés et les pépins des fraises des bois sur le retable placé, bien éclairé, dans une salle de type musée.

Bien entendu, il n’y a plus de malades dans la grande salle de l’Hôtel Dieu de Beaune et la religiosité actuelle n’est plus ce qu’elle était au 15° siècle, ou même au 19°. Mais est-ce que le message donné aux visiteurs par la présentation actuelle est correct ? Même s’il y a un commentaire écrit ou oral plus ou moins complet, est-ce que l’œuvre d’art conserve tout son sens, sans le cadre pour lequel elle a été conçue ? Est-ce que le matériel est dissociable de l’immatériel ? N’y a-t-il pas une tromperie à faire passer l’histoire de l’art avant la connaissance des croyances et des pratiques qui ont commandité les créations artistiques ? Surtout lorsque la culture religieuse a pratiquement disparu dans la presque totalité de la population. L’art existe-t-il indépendamment de son sens ?

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28 juillet 2013 7 28 /07 /juillet /2013 11:27

Dans le journal Le Monde daté du 26 juillet, un article de Véronique Grandpierre décrit les principaux dommages causés au patrimoine monumental et muséal de la Syrie par la guerre civile qui fait rage depuis deux ans. Elle rappelle d'autres cas analogues, en particulier en Irak depuis 2003, et cite la préoccupation de l'UNESCO pour ces atteintes au patrimoine de l'humanité. On ne peut que regretter, évidemment, que des monuments que nous avions l'habitude de visiter en touristes ou de contempler en photo soient victimes de la folie destructrice des hommes. Mais n'est-ce pas un phénomène tout à fait naturel, qui durera autant que l'habitude qu'ont les humains (nous-mêmes finalement) de s'entretuer et de détruire leurs biens les plus précieux, à commencer par leurs vies et celles de leurs enfants ?

 

Depuis quelques soixante siècles, les constructions édifiées par les hommes sont détruites périodiquement, par des catastrophes naturelles, par la vétusté ou par la guerre. C'est assez normal et il ne me semble pas que l'on puisse raisonnablement atteindre l'objectif d'une paix universelle et mettre au point des méthodes parfaites pour une conservation éternelle.

 

Ne peut-on plutôt reconnaître que c'est la destruction de nos temples, de nos palais, de nos maisons qui a permis, à travers l'histoire, la naissance de nouveaux styles, le progrès des méthodes de construction (le gothiquie après le roman en Occident, par exemple), l'invention de nouveaux éléments de confort, la résolution des problèmes de logements d'une population en croissance rapide ?

 

Les vols dans les musées, les fouilles clandestines et les trafics d'oeuvres d'art existent même en dehors des guerres, même si celles-ci leur offrent des opportunités plus grandes et une assurance d'impunité. Mais c'est dû à la passion des collectionneurs sans foi ni loi, à un marché mondial spéculatif, à la pauvreté insupportable de tant de paysans du Tiers Monde.

 

Il faut aider à résoudre les conflits, pour sauver des gens, pas forcément pour conserver des choses qui seront de toute manière remplacées, probablement de manière créative, novatrice, utile. La Syrie et l'Egypte, actuellement, cherchent un équilibre politique et des solutions à des problèmes culturels, sociaux et économiques: les manifestants et les combattants de tous bords se moquent bien du patrimoine de l'Humanité qui les entoure, et cela même si le tourisme de masse est une part importante de leur économie à cause de ce même patrimoine. Cela aussi est culturel. Il sera plus important pour ces pays de construire du neuf que de restaurer du vieux.

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 17:00

J'assistais l'autre jour à une réunion de représentants d'associations d'éducation populaire, des droits de l'homme et du secteur sanitaire et social, dont le but était de constituer d'urgence un lobby de défense des intérêts de ces associations et en général du monde associatif, face à ce qu'ils considèrent comme l'abandon progressif par le gouvernement et les collectivités territoriales de certaines subventions. Ils revendiquaient le maintien en 2014 des subventions habituelles en volume et si possible leur augmentation, en raison de l'accroissement des problèmes sociaux et de la précarité.

On sentait que les personnes présentes considéraient que ces subventions étaient un droit, découlant du rôle essentiel qu'elles jouent au bénéfice de la société.

On apprenait qu'il y a environ 1,3 million d'associations en France et que cette baisse des subventions publiques allait entraîner la fermeture de beaucop d'entre elles.

Il faut être sérieux, quand on aborde des sujets aussi graves, surtout dans le moment actuel. Je trouve personnellement que la création de lobbies de ce genre est un acte d'incivisme.

 

On devrait se poser plusieurs questions, en préalable à toute démarche au nom des associations:

 

1. Est-il décent d'exiger pour les associations un tel traitement de faveur, alors que le gouvernement annonxce qu'il  est obligé de réduire en 2014 les budgets de la défense, de la culture, des affaires sociales, peut-être même de l'éducation ?

 

2. Ne doit-on pas, en préalable à de telles revendications, se demander si beaucoup d'associations ne font pas double emploi entre elles, voire se concurrencent, si elles sont correctement gérées, si elles font le nécessaire pour trouver parmi leurs militants et leurs bénéficiaires les ressources propres qui leur garantiraient un minimum d'autonomie ?

 

3. Une association, par définition (voir la loi de 1901), est constituée au départ exclusivement par des bénévoles qui se groupent pour poursuivre un objet social. Combien d'associations restent effectivement des organisations bénévoles qui pourraient exister sans un nombre toujours croissant de salariés qui exercent le pouvoir réel ?

 

4. Si une association est appelée à gérer une institution ou un service public, ce qui arrive souvent par abandon par l'Etat et les collectivités d'un pan de leurs responsabilités, doit-elle toujours s'accrocher au slogan de son soi-disant caractère "non-lucratif" ? Une association qui fonctionne comme une entreprise a intérêt à faire des bénéfices, pour les affecter, soit à des réserves ou à un fonds associatif (équivalent d'un capital non partageable), soit au développement de son activité statutaire (mais évidemment pas à l'augmentation des salaires de ses dirigeants salariés !).

 

Maintenant qu'il existe des statuts, notamment coopératifs (UES, SCIC, GIP, Fondations, etc.), qui permettent de faire mieux ce que font tant d'associations créées lorsqu'il n'existait aucun autre statut, ne faudrait-il pas réviser sérieusement la loi de 1901 pour exiger que le bénévolat soit la règle et le salariat l'exception ? Toute association ne devrait vivre que de ses membres. Une subvention extérieure ne devrait jamais couvrir le budget de fonctionnement normal de la structure. Malheureusement, les manifestations qui ont marqué en 2001 le centenaire de la loi ont été seulement des célébrations de congratulation. Elles auraient dû poser ces questions et bien d'autres.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 16:56

Aujourd'hui, jour de la manifestation contre le mariage des homosexuels à Paris, je tiens à dire que cette manifestation est une erreur politique. Quoiqu'on pense personnellement du "mariage pour tous", il sera légalisé et entraînera également l'adoption pour tous. Cela ne changera pratiquement rien à la situation actuelle, moins légale mais "de fait", et qui existe ou existera bientôt légalement dans tous les pays européens. Ce qui est en jeu est l'extension du droit à la procréation médicalement assistée (PMA), bien au delà de la législation actuelle qui la limite aux couples stériles, sous des conditions très strictes. Or de cela on ne parle presque jamais, alors que ce n'est ni un problème religieux, ni un problème moral, mais un problème d'éthique, qui fait partie de ce lui plus général des organismes génétiquement modifiés (OGM).

 

Je trouve aujourd'hui dans le Monde daté 13-14 janvier, un billet excellent d'Hervé Kempf, que je me permets de reproduire intégralement ici:

 

Le mariage et l’écologie

Europe Ecologie-Les Verts (EELV) est favorable au mariage homosexuel. Plus cohérent que le Parti socialiste (PS), EELV lie logiquement cet état revendiqué du droit à sa conséquence, la possibilité de recourir à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples ainsi mariés. En effet, les couples homosexuels, en tant que couples, sont nécessairement stériles. Dès lors, le mariage leur ouvre le droit de recourir à la PMA. Une autre conséquence logique devrait être, dans la foulée, l’ouverture du droit au recours à la gestation pour autrui. La position d’EELV découle de ce qu’il considère que l’enjeu du mariage homosexuel est le refus de la discrimination et «le progrès du droit des individus» (Cécile Duflot, Libération du 9 décembre 2012).
Légitime, cette position n’exprime cependant pas celle de tous les écologistes. Car, si l’on peut avancer qu’ils s’accordent sur l’égalité des droits et le refus des discriminations sexuelles, nombre d’entre eux s’inquiètent des conséquences collectives de ce «progrès du droit des individus ».
Un des piliers de la réflexion écologiste, dans le fil notamment des réflexions d’Ivan Illich et de Jacques Ellul, est en effet le questionnement de la technique, la critique de son caractère autonome, le refus de son caractère illimité. Les effets en sont, selon les écologistes, à la fois néfastes pour l’environnement – parce qu’elle favorise une transformation de plus en plus nuisible de la biosphère – et aliénante – parce qu’elle conduit à rendre l’humain esclave de son outil. Or la PMA s’inscrit pleinement dans cette analyse : «On ne peut être contre la fuite en avant technologique quand il s’agit des prouesses des nanotechnologiques et pour quand il s’agit de faire des enfants», dit Alain Gras (sociologue des techniques à l’université Paris-I). Michel Sourrouille, membre d’EELV, rappelle qu’Ivan Illich distinguait les outils permettant à l’humain de s’épanouir et ceux qui l’asservissaient en créant de nouveaux besoins. Selon lui, la PMA appartiendrait à cette dernière catégorie. Jacques Testart, coauteur de Labo Planète (Mille et une nuits, 2011), estime que la PMA est justifiée quand il s’agit de femmes stériles, mais il «résiste à la perspective des PMA pour les homosexuels ». Débat tranché ? Certes pas. Mais l’enjeu technique donc écologique de cette évolution possible du droit doit être clairement posé et débattu.

 

J'ajouterai que la PMA généralisée permettrait sans doute, avec le progrès constant de la recherche biologique, d'aboutir à des pratiques d'eugénisme (choix du sexe de l'enfant, rejet de l'enfant anormal) et à une judiciarisation des produits non conformes au souhait des parents).

 

Hugues de Varine

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 12:22

Mon dernier voyage au Brésil a été l'occasion de constater, une fois de plus, la différence entre nos quartiers populaires européens, faits de HLM à la périphérie des villes, et les excroissances urbaines qui existent pratiquement dans tout le Brésil: favelas ou simples quartiers souvent très dégradés, marginaux, violents.

En Europe, il s'agit de zones urbaines organisées, construites spécialement avec un maximum de moyens, habituellement dans les années 60 et 70 du siècle passé, par des urbanistes et des architectes, pour des populations ouvrières, souvent immigrées. Tout est prévu dès le départ, y compris les services publics, les centres commerciaux, les loisirs, et le modèle social européen (ou français) permet de compenser partiellement les handicaps sociaux. Et  nous pensons et nous disons que ces quartiers sont des "lieux de non-droit", des territoires de la drogue et de la délinquance, les policiers n'osent pas y entrer, etc.

Au Brésil (j'en ai visité à Rio de Janiero, à Brasilia, à Fortaleza, à Porto Alegre, à Belém), c'est totalement différent. On y assiste, dans chaque quartier, à la naissance d'une véritable ville. C'est un peu sans doute la manière dont les villes naissaient en Europe, au Moyen-Âge et jusqu'au milieu du 19° siècle: ni architectes, ni urbanistes, pas de plan directeur urbain, rien n'est organisé. Chaque famille qui s'installe construit son propre domicile, là où elle peut. La ville naît ainsi, spontanément, et la communauté des habitants se constitue dans les conflits et les solidarités. Au départ, il n'y a rien, puis progressivement, tout se crée, y compris les services sociaux, les écoles, les lieux de culte. Des leaders se manifestent spontanément. Souvent des gangs violents prennent des pouvoirs de contrôle et de domination. Des commerces apparaissent pour répondre aux besoins de base, des emplois locaux se créent, des associations répondent à des demandes collectives particulières.

Evidemment, tout n'est pas rose dans ces quartiers. Mais finalement est-ce pire que chez nous ? Et comme on ne peut pas attendre grand chose des pouvoirs publics, c'est de l'initiative invididuelle et collective que vient la solution des problèmes qui se posent aux gens: c'est ce que j'appelle la culture vivante, ou même la culture tout court..

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 11:30

Plusieurs nouvelles récentes dans le journal local (le Bien Public, quotidien de la Côte d'Or)) ont attiré l'attention générale sur la mise en vente de trois châteaux importants, à Gevrey-Chambertin, La Rochepot et Nogent les Montbard. Des conversations avec des amis m'ont remis en mémoire  des réflexions que j'avais déjà eues il y a plus de trente ans, à propos d'une situation familiale.

 

Par ailleurs, ces derniers jours, j'ai découvert qu'une fête religieuse locale était programmée dans mon village. La messe qui en constitue le premier acte ne devait pas se passer dans l'église locale, "pour attirer plus de monde". Or cette église est l'une des trente églises de notre secteur paroissial qui ne servent pratiquement jamais, au plus une fois par an, compte tenu de la rareté des prêtres et du faible nombre de pratiquants (3 à 5 sans doute pour la plupart des villages.

 

Quelle est la situation au niveau national ? Plusieurs milliers de châteaux, souvent historiques, généralement entièrement privés, ne peuvent plus être entretenus par leurs propriétaires, qui en réalité n'y vivent plus et dont les enfants ne souhaitent pas assumer la charge. Environ 30.000 églises, anciennes ou récentes, ne sont plus utilisées, mais restent à la charge des communes, en application de la loi de 1905. Elles sont donc entretenues par le contribuable qui, à au moins 95%, ne pratique plus.

 

Ces édifices, dont un certain nombre sont soit classés, soit inscrits à l'inventaire national des monumenrs historiques, mais qui tous représentent des éléments importants et visibles du patrimoine local, ne servent plus à rien, ou bien ne serviront plus à rien dans dix ou vingt ans au maximum, suite au changement des habitudes. Du moins pour leur usage originel, la résidence permanente ou de vacances pour les châteaux, le culte pour les églises.

 

Certes, des essais de transformation d'usage ont été faits depuis trente ou quarante ans, mais aucun n'est  satisfaisant ou n'a duré plus d'une ou deux générations. Des châteaux ont été utilisés comme colonies de vacances, maisons de retraite, centres culturels ou musées. Les colonies de vacances ne sont plus à la mode;  les maisons de retraite doivent respecter des normes inconciliables avec des bâtiments anciens. Les centres culturels et les musées doivent être pris en charge par des crédits publics qui sont de moins en moins disponibles, face aux priorités éducatives, sociales ou sanitaires qui s'imposent aux collectivités territoriales..

 

Pour les églises, le fait qu'elles soient affectées au culte et que tout usage non religieux soit soumis à autorisation diocésaine, réduit leur utilisation publique. D'ailleurs la plupart des communes de France se sont maintenant équipées en "salles polyvalentes" de construction récente, qui feraient double emploi avec un usage "profane" des églises.

 

Le tourisme ne concerne que certains de ces édifices et il est généralement totalement insuffisant pour permettre le simple entretien quotidien Sans compter que, à de rares exceptions près, l'aménagement spécifique et la gestion en vue de la visite touristique des églises et châteaux coûtent nettement plus cher que les recettes qui en sont retirées. Et le tourisme lui-même est une industrie fragile, qui dépend du pouvoir d'achart, de la mode, du climat, etc.

 

Il semble que ce problème d'ampleur nationale, qui a des dimensions psychologiques, culturelles, économiques, soit tabou. personne n'en parle. Il n'entre pas dans les études statististiques et prospectives. Il ne fait pas partie des travaux sur la soutenabilité des programmes de développement. D'autres pays européens connaissent la même situation. A ma connaissance; l'Union européenne ne s'en préoccupe pas.

 

Or il existe plusieurs hypothèses à étudier:

- laisser se détruire de façon raisonnée et contrôlée 50% ou 70 % de ce patrimoine inutile pour conserver dans de bonnes conditions des édifices réellement importants et utiles (sous la responsabilité des collectivités territoriales);

- encourager la création d'un marché exogène pour les châteaux: il semble que actuellement les oligarques russes et les nouveaux-riches chinois soient friands de résidences de prestige en France;

- desaffecter l'immense majorité des églises, détruire leurs clochers (coûteux à couvrir et entretenir) et réuitiliser leurs espaces intérieurs pour des activités d'utilité sociale, économique, éducatrive, culturelle, ou même pour de l'habitat temporaire ou permanent;

- créer un réseau national d'hôtellerie de type "parador", de haute et moyenne gamme, en modifiant les normes d'aménagement pour permettre l'utilisation de châteaux sans défiguration des extérieurs comme des intérieurs

- etc. etc. à chacun dde donner des idées ou d eproposer des expériences.

 

Mais il faut en parler.

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 08:56

Penser, agir autrement en démocratie & inventer un futur désirable pour tous - LE PACTE CIVIQUE

La crise que nous subissons est à la fois financière, économique, sociale, écologique et morale.
Elle nous appelle à penser, agir, vivre autrement en démocratie, à partir de quatre impératifs fondamentaux : créativité, sobriété, justice et fraternité.
A cet effet, trois changements sont à mettre en œuvre simultanément, car ils se conditionnent  mutuellement et aucun ne peut suffire à lui seul :
• celui des comportements individuels,
• celui du mode de fonctionnement des organisations,
• celui des politiques et des institutions.
Nous appelons à adhérer au Pacte civique pour œuvrer à un futur désirable pour tous en s’efforçant de mettre en œuvre ces trois types d’engagements :

Chaque personne s’engage à appliquer à sa propre vie les quatre impératifs qu’elle veut pour la société. A cet effet :
1. Se donner régulièrement des temps de pause pour réfléchir au sens de son action et à l’équilibre de ses responsabilités.
2. Participer de manière constructive au débat public et prendre part aux votes.
3. Assumer ses obligations de contribuable et d’assureur/assuré social.
4. Consacrer du temps et/ou de l’argent à des engagements d’intérêt collectif, de solidarité ou syndicaux.
5. Aller à la rencontre de l’autre, quelle que soit sa différence, pour construire un vivre ensemble.
6. Reconnaitre le droit à la parole de chacune et de chacun et favoriser l’expression individuelle ou collective de ceux qui ont le plus de difficulté à s’exprimer ou à se faire comprendre.
7. Lutter contre les gaspillages et adopter des modes de vie plus équilibrés qui préservent la planète.

Les organisations ou membres d’organisation s’engagent à promouvoir les quatre impératifs du Pacte civique et à évaluer comment ils se concrétisent, notamment :
8. Dans l’éducation, promouvoir les talents et faire prévaloir la coopération ainsi que la non-violence sur la compétition.
9. Dans les collectivités locales, développer l’esprit de fraternité au service d’un vivre ensemble durable, sans exclusive ni exclusion.
10. Dans les entreprises, donner au respect des personnes une importance au moins égale au souci de rentabilité, réduire l’échelle des revenus, et renforcer la responsabilité sociale et environnementale dans le cadre d’une gouvernance élargie.
11. Dans les organisations syndicales, faire prévaloir l’accès de tous à un travail décent sur les revendications quantitatives ou catégorielles.
12. Dans les associations et organismes de l’économie sociale et solidaire, respecter les finalités, réactualiser le projet, et considérer le succès de chacun comme le succès de tous.
13. Dans les banques et organismes financiers, relier la prise de risque et la créativité à l’utilité économique et sociale des opérations et fixer des limites aux rémunérations.
14. Dans les fonctions publiques et services publics, redonner tout son sens et sa portée à la notion d’intérêt général et de service à la collectivité, pour tous les usagers sans exclusive.
15. Dans les médias, préserver leur autonomie et inscrire dans une charte déontologique le souci du débat démocratique et du rôle éducatif à l’égard des usagers.
16. Dans les communautés spirituelles et courants de pensée organisés, rechercher les valeurs communes du vivre ensemble dans le cadre de la laïcité.
17. Dans les partis politiques, donner la priorité aux enjeux réels sur les luttes internes et la compétition externe, et privilégier le dialogue avec les acteurs de la société civile.

Citoyens, organisations (ou membres), et responsables
politiques, militent pour :
> Améliorer la qualité démocratique grâce :
18. à la promotion de l’éthique de la délibération et de la décision, et leur mise en œuvre ;
19. à des innovations permettant une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes et de toutes les populations : droit de vote aux personnes étrangères régulièrement établies, reconnaissance du vote blanc, limitation stricte des cumuls de mandats et fonctions ;
20. à la mise en place d’un meilleur contrôle citoyen sur la dépense publique ;
21. à l’affectation de crédits des politiques publiques à l’expression et à l’organisation des citoyens, notamment les demandeurs d’emploi et bénéficiaires de minimas sociaux ;
22. à la régulation étroite des activités financières pour les relier à leur fonction économique.
> Renforcer les actions contre les inégalités, exclusions, discriminations et maltraitances :
23. en fixant les règles d’un contrat fiscal juste et redistributif pour faire face aux besoins collectifs, tout en prenant en compte l’environnement concurrentiel ;
24. en faisant de l’emploi de qualité pour tous, à temps choisi, une priorité nationale partagée ;
25. en évaluant puis relançant les politiques d’accès de tous aux droits de tous: alimentation, logement, énergie, santé, culture, etc. ;
26. en s’appuyant sur la participation et les capacités des habitants pour construire des nouvelles politiques de la ville et de la ruralité dans le cadre du développement des territoires.
> Revivifier le «vivre ensemble», notamment :
27. Rechercher avec toutes et tous et avec toute toutes les générations, et en particulier avec les jeunes et avec les femmes, les conditions de leur pleine participation à la société ;
28. en généralisant progressivement le service civique pour qu’il s’étende peu à peu à tous les jeunes et à tous les âges ;
29. en redéfinissant les finalités et les moyens d’une éducation populaire et citoyenne tout au long de la vie.
> Rendre l’Union européenne plus vivante, démocratique, sociale et plus active à l’extérieur :
30. démocratiser la gouvernance européenne et en dotant le budget européen de ressources propres, afin de pouvoir développer les politiques communes internes et externes ;
31. en promouvant des équilibres écologiques soutenables pour préserver la planète ;
32. en intensifiant les partenariats et le co-développement avec l’Afrique et les pays du pourtour méditerranéen.

Adhésion personnelle
Pour faciliter le traitement des adhésions, il est préférable d’utiliser le formulaire sur le site www.pacte-civique.org

Contacts :
• Tél. : 01 44 06 00 07
• contact@pacte-civique.org


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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 15:49

Depuis de nombreuses années, j'ai eu à travailler à divers titres dans le domaine du logement, ou de l'habitat: travail pour le développement social des quartiers (ancêtre de la politique de la ville), création de logements locatifs dans mon village, participation bénévole à une union régionale de foyers de jeunes travailleurs et au comité habitat de la Fondation de France, étude sur le logement des jeunes dans une agglomération, aide à la restrucuration d'une Union nationale pour le logement autonome des jeunes...

 

J'ai été frappé, à de nombreuses reprises, par l'extraordinaire volatilité des goûts, des attentes et des comportements des gens par rapport à leur logement. Il y a une trentaine d'années, un jeune (travailleur, étudiant) se satisfaisait d'une chambre de 9 m2, avec un lavabo et les toilettes au bout d'un couloir. Puis il leur a fallu un studio, avec bloc sanitaire incorporé, puis un T1 avec kitchenette, et maintenant il demande un vrai T2. Cela devient une demande de T3 lorsqu'un couple se forme, de plus en plus tôt.

 

Les offices et sociétés HLM doivent réhabiliter, mais en réalité restructurer complètement, tous les 25 ans environ, leurs immeubles pour les adapter à des demandes de confort de plus en plus grandes, alors même que le pouvoir d'achat, donc la capacité de payer le loyer et les charges, baisse de plus en plus dans des couches entières de la population. J'ai vu démolir au début des années 90 (à Valenciennes par exemple) des immeubles construits dans les années 70. La même année, le nombre de demandes de HLM non satisfaites dans la même agglomération étaient exactement le même que celui des appartements détruits. Des familles, même en grande difficulté sociale (monoparentales par exemple), demandent souvent des maisons avec jardin. Aux souhaits des habitants s'ajoutent des normes de plus en plus strictes qui rendent de plus en plus coûteuse la construction.

 

Cette évolution semble aller de pair avec la croissance des besoins de consommation de biens de plus en plus sophistiqués (smartphones, voitures suréquipées, robots et jeux électroniques...). Il n'est pas utile de juger cette évolution, qui nous échappe de toute manière.

 

La question que je me pose est la suivante: vu l'accélération du changement des goûts et des pratiques en matière de logement, comment est-il possible de concevoir et de construire aujourd'hui des logements qui seront vraisemblablement considérés comme périmés et inadaptés dans dix ou quinze ans ? Et cela alors que les médias montraient il y a quelques semaines que le nombre de personnes qui habitent toute l'année en camping ou en mobile home, et naturellement le nombre de mal logés (plus de 3 millions) s'accroissent dans cesse.

 

Et ce n'est pas la peine de demander plus de moyens. Il n'y en aura plus, peut-être plus jamais !

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