Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 15:38

2015, du début à la fin, a été, pour beaucoup, une année triste, violente, dramatique. Heureusement, elle a connu aussi des joies petites ou grandes. Nous allons entrer dans 2016, qui ne sera probablement ni pire ni meilleure. Nous pouvons quand même nous souhaiter une bonne, une meilleure année.

D'ailleurs, comment pouvons-nous contribuer aux affaires du monde, sinon mettre un bulletin de vote dans l'urne, une fois de temps en temps, puis lire dans les médias ce qui est fait en notre nom ?

Mais nous pouvons beaucoup pour le présent et pour l'avenir de notre petit monde, celui de chacun d'entre nous, notre territoire et notre communauté, le cadre et la qualité de notre vie.

  • nous pouvons travailler à la paix entre nous et avec nos voisins les plus proches, et aussi en accueillant les visiteurs et les nouveaux habitants venant de plus ou moins loin, avec leurs cultures et leurs traditions,

  • nous pouvons prendre des initiatives, favoriser celles des autres, lancer ou accompagner des projets,

  • nous pouvons rechercher la soutenabilité de notre territoire, dans la pratique continue et déterminée de la subsidiarité, en assumant à notre niveau et à notre échelle toutes nos responsabilités et en travaillant à maîtriser le changement.

Et si nous ne pouvons guère protéger le patrimoine des autres, face aux guerres et aux catastrophes, nous pouvons beaucoup pour faire vivre et prospérer notre patrimoine quotidien.

Encore une fois, BONNE ANNEE !

22 décembre 2015

Hugues de Varine

Partager cet article
Repost0
8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 10:40
Je viens de recevoir d’Etelca Ridolfo, présidente de l’Ecomuseo delle Acque di Gemona (Frioul, Italie) l’annonce d’une rencontre, le 19 décembre, à Gemona, du réseau des producteurs italiens de maïs appartenant à des variétés anciennes et naturellement en risque de disparaître à la suite de la domination des producteurs industriels de semences standard, comme Monsanto. Jusqu’ici la législation européenne interdisait de commercialiser ces semences "non autorisées", assurant ainsi leur disparition à court ou moyen terme. Une loi italienne du 19 novembre dernier sur la bio-diversité (https://www.politicheagricole.it/flex/cm/pages/ServeBLOB.php/L/IT/IDPagina/9458) rend maintenant possible les échanges commerciaux de semences traditionnelles. "C’est une révolution !" dit Etelca. "A Gemona, nous chercherons comment entrer sur le marché sans se laisser prendre dans les mailles du filet des grands semenciers. Nous mettrons à profit l’expérience du Pan di Sorc pour créer de nouvelles opportunités économiques pour nos petits producteurs".
L’écomusée de Gemona est en effet tout à fait légitime pour s’occuper de cette question, avec son partenaire habituel, la grande organisation Slow Food, dont le siège est à Turin mais qui est représentée dans toutes les régions d’Italie. Le programme Pan di Sorc (un pain de maïs traditionnel) (http://www.pandisorc.it) a montré comment un écomusée pouvait réussir, sur son propre territoire et avec ses propres moyens, à créer une véritable filière agricole, artisanale et commerciale viable, qui part d’un maïs de montagne, le cinquantino, développé selon les normes biologiques par de petits agriculteurs, passe par le maintien en activité de moulins et de familles de meuniers, puis par l’engagement de boulangers artisanaux qui produisent de façon traditionnelle le pan di sorc et d’autres aliments à base de ce maïs (comme une polenta spéciale) et enfin par la promotion et la commercialisation locales et régionales.
Il existe bien d’autres exemples de l’efficacité des écomusées pour la sauvegarde d’espèces agricoles et de races animales menacées de disparition, dans des conditions que je qualifie "de filière", c’est à dire qui ne se contentent pas de protéger un élément parce qu’il est traditionnel, mais qui lui rendent une signification économique et le font contribuer au développement du territoire. Seulement pour donner quelques exemples que je connais personnellement (mais chacun pourra ajouter ses propres témoignages), je citerai le verger conservatoire de l’écomusée du Perche (France), le sauvetage de la Pecora nera par l’écomusée de Vale Stura (Piémont, Italie), la renaissance de la poule "coucou" de Rennes par l’écomusée du Pays de Rennes (Bretagne, France). Certes, les mêmes efforts sont faits par d’autres structures, institutions publiques ou associations, mais l’écomusée est mieux armé pour réussir l’intégration économique de ces productions à forte valeur ajoutée écologique, culturelle et sociale. Il peut organiser et contrôler toute la filière, il assure la mobilisation et la participation de la population et des porteurs de la mémoire et des savoirs techniques et pratiques nécessaires, il garantit la qualité à toutes les étapes de la filière. Peut-être aussi sera-t-il à même d’aider à adapter localement ces espèces et ces productions aux conséquences des changements climatiques, aux nouvelles formes d’énergie et aux difficultés croissantes de la ressource en eau.
Bonne chance à la réunion de Gemona, bon courage aux petits agriculteurs italiens qui vont montrer leur volonté de défendre une agriculture différente, à la fois ancienne et moderne.
Partager cet article
Repost0
7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 09:33

Depuis que des écomusées italiens (et parfois des universités ou d'autres institutions liées au patrimoine de ce pays) me font l'honneur de m'inviter et de m'ouvrir leurs territoires et leurs projets, j'ai découvert l'importance du paysage, comme patrimoine, mais aussi du patrimoine comme paysage.

Comme tout le monde, j'aime regarder un beau paysage, ou bien je suis frappé par un paysage intéressant (industriel ou minier par exemple), ou encore je déplore des changements qui enlaidissent un paysage auquel je suis habitué. C'était donc une attitude au premier degré, d'ordre purement affectif et esthétique.

En Italie, j'ai découvert la "Convention européenne du paysage" (Florence, 2000) qui dit, à son article 1 :

«Paysage» désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations...

Pour moi, le paysage est devenu autre chose, une composante de la culture vivante de la population du territoire et non un point de vue "touristique". Dans un monde où, comme le disait Jean Blanc, l'un des inventeurs des parcs nationaux français, il n'y a pas un mètre carré de sol qui n'ait été transformé directement ou indirectement par l'action humaine, le paysage est nécessairement le résultat de l'interaction entre l'homme et la nature. C'est encore plus évident en ces jours de débats dans la COP21 qui tentent de remédier aux conséquences des comportements humains sur notre planète commune et donc sur nos territoires et nos paysages.

Une première conséquence est de faire du paysage un tout qui englobe la totalité des éléments du patrimoine matériel d'un territoire, du moins dans la mesure où ils sont perçus comme tels par la population (la communauté dans son ensemble).

Cela implique, me semble-t-il, que ces éléments de patrimoine n'ont de sens que solidairement, par leur appartenance à un paysage. Cela va à l'encontre de la notion de protection de monuments ou sites isolés de leur contexte, en raison de facteurs indépendants de la population, du territoire et du reste du patrimoine.

La notion de perception par la population exige aussi que celle-ci ait conscience à la fois du paysage dans sa globalité et de ses composantes dans leurs individualités. Et "conscience" signifie que la population (et chacun ses membres, à titre individuel comme à titre collectif, possède une capacité de regard, un sens critique, une pleine possession de sa culture vivante.

Mais, dans tout cela, que devient le patrimoine dit immatériel ? On ne peut pas toujours le voir, ou le toucher, précisément parce qu'il est intangible. Ne serait-il donc pas inclus dans le paysage ? Je pense que oui, car j'ai toujours dit qu'il n'y avait pas plus de patrimoine purement immatériel que de patrimoine purement matériel. De plus, on sait maintenant que tout paysage tient compte des patrimoine sonores et olfactifs, qui sont des données immatérielles et cependant bien réelles dans notre environnement.

Alors, paysage et patrimoine sont-ils deux mots pour exprimer la même réalité ? Je crois qu'ils sont deux manières de percevoir la même réalité : le paysage est un tout que l'on perçoit comme tel ; le patrimoine est un ensemble composé d'une multitude d'éléments que l'on perçoit isolément ou par associations de proximité, thématiques, spirituelles, affectives, esthétiques, etc. Chacun de nous peut être plus sensible à certaines parties du patrimoine commun qu'à d'autres, tout en partageant avec les autres membres de la communauté la jouissance du paysage.

Mais les italiens ont été plus loin : ils ont suggéré à l'ICOM (Conseil international des musées), qui doit tenir sa prochaine conférence générale trisannuelle à Milan en 2016, de choisir comme thème central de cette rencontre mondiale "Musées et paysages culturels". On voit bien que l'Italie, pour ses habitants et pour beaucoup d'entre nous, est perçue d'abord comme un paysage et que ce paysage est le résultat de siècles d'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations...

Ce que l'on essaye de nous dire, c'est que le musée, en tant qu'institution patrimoniale, doit élargir son champ d'action et s'ouvrir à tout le paysage auquel il appartient, c'est à dire à son territoire et à la totalité du patrimoine qui l'entoure. L'Italie montre la voie depuis longtemps : ses musées "civiques" sont souvent dédiés en priorité aux artistes et à l'histoire de leur province, elle a inventé le "musée diffus" et de nombreuses régions ont favorisé l'éclosion d'écomusées, dont beaucoup sont appelés "du paysage", mais qui tous se rattachent clairement à la définition de la convention de Florence, au point de célébrer eux-mêmes chaque année une "Journée du Paysage".

On peut se demander si les musées, qui suivent majoritairement une définition et un mode de fonctionnement très classiques, qui sont des espaces de conservation de fragments de patrimoine soigneusement séparés de leur contexte (donc de leur paysage), sont prêts à changer aussi radicalement d'objectifs et de méthodes. Les débats de la conférence de Milan et les comportements ultérieurs des muséologues du monde entier répondront à cette question.

Cela d'autant plus que deux phénomènes peuvent faire obstacle à une telle "prise de pouvoir" du musée sur le patrimoine et sur le paysage de son territoire :

- d'une part la multiplication des musées sur un même territoire, surtout dans les pays de longue tradition muséale, et la multiplicité des mesures et des institutions non-muséologiques de protection du patrimoine et du paysage,

- d'autre part la relation de plus en plus étroite qui lie beaucoup de musées aux politiques et à l'industrie du tourisme, ce qui tend à éloigner le patrimoine de la communauté, donc du paysage au sens de la convention de Florence, puisque c'est la perception de l'étranger, du touriste, qui définit le patrimoine.

Je me souviens qu'en 1964, lorsque fut créé l'ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites), quelques voix s'étaient élevées pour défendre l’idée d'une organisation unique des professionnels du patrimoine. Mais il était déjà trop tard, le patrimoine fut clairement divisé entre conservation des collections et conservation des monuments, entre muséologues et architectes. Et les motivations des uns et des autres n'ont pas changé : il s'agit bien de conserver et non pas de faire vivre le patrimoine tel qu'il est défini par ses meilleurs professionnels.

Alors, revenons à la convention de Florence : pour elle, il est clair que le paysage (donc le patrimoine) et le territoire sont des sujets vivants, évolutifs, qui continuent sans cesse de résulter des interrelations entre l'homme et son environnement, entre le culturel et le naturel.

Au fond, je me retrouve, avec un certain étonnement, en présence d'une logique qui est celle de cette COP21 qui agite tellement nos politiques, nos scientifiques et nos journalistes : soit nous consommons notre héritage fossile ou fossilisé, soit nous privilégions une gestion dynamique et soutenable de notre patrimoine naturel et culturel en création continue. Milan sera le point de rencontre entre conservateurs et développeurs qui devront répondre à une seule question: quel paysage voulons-nous pour nos descendants ?

Les écomusées et les musées communautaires, les musées diffus, qui tentent de répondre à cette question depuis vingt, trente ou quarante ans sur leurs territoires, ont beaucoup à apporter. On ne peut qu'espérer qu'ils soient à la hauteur de ce défi et qu'ils soient écoutés !

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 12:38
Les musées et le patrimoine en réseaux

Je viens de recevoir de Lucia Cataldo, professeure de muséologie à l'Académie des Beaux Arts de Macerata (Région des Marches, Italie) un certain nombre de ses publications récentes concernant les musées et le patrimoine:

- Dal Museum Teatre al Digital Storytelling, FrancoAngeli, Milano, 2011, 192p.

- Percorsi di educazione museale per il Parco Sculture si Ripe San Ginesio, Pollenza, 2007, 47p.

- (avec Marta Paraventi) Il museo oggi - Linee guida per una museolgia contemporanea, Hoepli, Milano, 2007, 320p.

Je veux surtout signaler ici l'ouvrage le plus récent édité par Lucia Cataldo à partir de nombreuses contributions: Musei e patrimonio in rete - Dai sistemi museali al distretto culturale evoluto, Hoepli, Milano, 2014, 239p.

Ce livre fournit un état exhaustif des différentes formules de coopération entre institutions patrimoniales italiennes, à partir des territoires. Réseaux de musées de niveau provincial, intercommunal ou communal, systèmes de musées ou regroupant musées, bibliothèques et archives publics, districts culturels formés dans une dynamique "de bas en haut", donc participative, ou bien créés par décision politico-administrative pour favoriser une gestion optimale du patrimoine d'un territoire, on trouve là toute la diversité des expériences italiennes en matière de "management" du patrimoine, dans le cadre d'un développement culturel, social et économique des territoires selon différentes échelles.

On y retrouve souvent la notion, typiquement italienne, de museo diffuso, musée diffus, intermédiaire entre le musée de collection institutionnel et l'écomusée. Ce musée diffus me semble se confondre plus ou moins avec le paysage culturel cher à Daniele Jallà et qui va faire l'objet de la prochaine conférence internationale de l'Icom, à Milan en 2016.

Une raison supplémentaire de s'intéresser à ces réseaux ou systèmes de musées, non seulement en Italie, mais pour de nombreux pays, est la réduction actuelle des crédits publics et privés pour le patrimoine, face à l'exigence croissante des populations en matière de valorisation de leurs patrimoines et à la multiplication aberrante des créations de musées locaux. Il y a quelques années, lors d'une réunion de l'Icom-Piémont à Ponte Bernardo, je défendais l'idée d'un moratoire sur la création et l'agrandissement des musées locaux. Le moins qu'on puisse dire est que je n'ai pas été entendu, et peut-être même pas compris. L'expérience italienne dont rendent compte Lucia Cataldo et ses collègues offre des solutions et des éléments de décision, appuyés sur des cas concrets choisis dans plusieurs régions italiennes très différentes.

Je crois que le moment est venu d'inciter l'Italie à faire réaliser périodiquement, en anglais, un "literature survey" de la littérature muséologique italienne. J'espère que toutes les publications des chercheurs et praticiens italiens du patrimoine, des musées et des écomusées se retrouveront rassemblées et en vente à Milan lors de la Conférence de l'Icom, aux côtés des publications muséales des autres pays. Encore faut-il que les participants sachent de quoi il s'agit et puissent accéder à l'essentiel de leur contenu.La commission européenne, le Conseil de l'Europe et l'Unesco ne pourraient-ils pas unir leurs forces et leurs moyens pour cela ?

Merci en tout cas à Lucia pour son grand travail rédactionnel et éditorial et pour le beau cadeau qu'elle m'a fait !

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2015 2 17 /11 /novembre /2015 16:28
Partager cet article
Repost0
17 novembre 2015 2 17 /11 /novembre /2015 16:00

Alors que je me trouvais en réunion de travail avec mes amis des écomusées italiens à Argenta (Emilie-Romagne), j'ai reçu le choc des nouvelles, des photos, des vidéos des attentats de Paris, vendredi 13 novembre. Dans les heures qui ont suivi, j'ai été très ému et impressionné par le nombre et la sincérité des témoignages adressés, à travers ma modeste personne, à tous ceux qui avaient été, et sont encore victimes de ces actes terribles. Les minutes de silence décidées par les élus des villes où nous nous réunissions, les paroles de sympathie, les messages envoyés sur Facebook ou par email ont été très réconfortants.

En repensant à tout cela, je ne peux pas m'empêcher de penser que, dans les six derniers mois, des actes analogues, des actes de guerre, se sont produits, de la part des mêmes organisations (même si leurs noms diffèrent, au Nigeria et dans les pays voisins, en Libye, en Tunisie, au Liban, et aussi bien sûr en Iraq et en Syrie et finalement à Paris, que plusieurs millions de personnes sont en route pour l'exil à cause des mêmes faits.

Quels que soient les commentaires des politiques et des journalistes, je dois bien reconnaître qu'il s'agit d'une nouvelle guerre mondiale, différente des précédentes, qui ne va pas s'arrêter de sitôt. On peut en deviner les causes réelles, très anciennes, au delà des événements très récents. Cette guerre va probablement compromettre par des décisions d'urgence les efforts faits pour combattre la dérive climatique. Elle va devoir être portée par les générations qui arrivent actuellement à l'âge adulte. En Europe, ces générations n'ont jamais connu la guerre dans leurs pays. La guerre est ailleurs, dans des pays lointains,sous des régimes totalitaires, dont on ne connait que les réfugiés, qui déjà font l'objet d'une inquiétude générale et parfois de refus croissants.

Et, comme des correspondants me le disent, ce sont des guerres pour lesquelles nous sommes finalement bien heureux de vendre des armes qui font travailler nos usines, donc qui participent à notre chère croissance.

Il ne faut surtout pas avoir peur, mais il faut se préparer, sans pessimisme et sans aveuglement, à des années qui seront dures, qui éprouveront notre capacité d'adaptation et de résilience. Les récents massacres sont des avertissements. Merci à tous ceux qui ont réagi et qui vont pouvoir continuer à réagir toutes les fois que ce sera nécessaire. Merci.

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 12:05
Partager cet article
Repost0
7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 12:05

On sait depuis longtemps que les écomusées et en général les musées communautaires se veulent des outils participatifs du développement de leurs territoires. Pour cela, comme il est normal, ils s'appuient sur la ressource locale qui est celle du patrimoine, au sens le plus large. Puisqu'ils sont communautaires et donc participatifs, il s'appuient aussi sur "les gens", comme acteurs et comme sujets. Nous savons aussi que, parmi les membres de la communauté, il y a des personnes qui sont elles-mêmes des patrimoines vivants, par leurs savoirs, leur contribution au patrimoine immatériel et à la mémoire collective.

Mais ne peut-on aller plus loin ? Je viens de recevoir le dernier numéro de la Lettre de Sol et Civilisation (numéro 56 de septembre 2015). Sol et Civilisation est une association qui regroupe des praticiens et des experts de l'économie rurale et agricole, et du développement local (www.soletcivilisation.fr). Ce dernier numéro porte sur "Ressources humaines et territoire, le défi des compétences". L'éditorial dit: "il n'y a de richesses que d'hommes... dans des territoires".

En lisant les articles dus à des spécialistes très éminents qui n'ont probablement jamais entendu parle de musées communautaires (Truong-Giang Pham, Francis Aubert, Bernard Pecqueur, Pascal Chevalier, René Caspar, Jean-Pierre Aubert), il m'est venu à l'esprit que le musée communautaire, parce qu'il est communautaire et parce qu'il est étroitement lié à son territoire, est très bien placé, non seulement pour inventorier les porteurs du patrimoine immatériel, mais aussi plus largement les compétences des citoyens.

Car ce que cette Lettre nous dit, c'est que les employeurs, de l'agriculture à l'industrie et aux services, sont dans une position difficile en matière de recherche d'une main d’œuvre de proximité qui corresponde à leurs besoins. Et c'est là que l'on doit aller au delà de la recherche de "qualifications" formelles, car elles sont souvent rares en milieu rural ou dans les petites villes. Par contre, on sait qu'il existe des savoirs techniques et d'expérience, des compétences réelles et des capacités (d'adaptation, d'apprentissage), mais ils sont dissimulés, soit par une mauvaise connaissance de la population, soit par un manque de confiance en soi et d'initiative de la part des personnes qui ont ces savoirs, ces compétences ou ces capacités.

Le musée communautaire ou l'écomusée, grâce à sa relation de confiance, directe, effective ou potentielle, avec chaque membre de la population, peut recenser les disponibilités et les mettre en rapports avec les besoins des employeurs. N'est-ce pas une manière d'établir un lien d'utilité sociale avec les acteurs économiques du territoire et de les convaincre qu'ils sont des stakeholders, des parties prenantes du musée, comme celui-ci est partie prenante du développement du territoire ?

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 11:31

J'ai appris que, lors de la V° rencontre internationale des écomusées et musées communautaires, tenue à Juiz de Fora (MG, Brésil) du 15 au 17 octobre dernier, une personne se présentant comme gestionnaire pour la ville de Rio de l'Ecomuseu do Quarteirão Cultural do Matadouro de Santa Cruz (RJ) avait osé dénigrer systématiquement les trente années de services à la communauté de Santa Cruz du NOPH (Núcleo de Orientação e Pesquisa Histórica) de Santa Cruz et de l'écomusée qu'il avait créé il y a vingt cinq ans. Je l'avais visité pour la première fois en 1992 et j'y suis revenu une dizaine de fois depuis, en particulier en 2000 et 2004, lors des 2° et 3° rencontres internationales des écomusées et musées communautaires qui s'y sont déroulées.

Non seulement, tout ce que cette personne a dit de cet écomusée est faux, mais encore, et c'est ce que je ne peux pas laisser passer, il a cru bon d'appuyer son argumentation sur Georges Henri Rivière et sur Marcel Evrard. Le premier fut mon prédécesseur et mon mentor comme directeur de l'ICOM, le second fut mon ami et le fondateur et directeur de l'Ecomusée du Creusot-Montceau. J'ai collaboré avec lui pendant plus de dix ans. L'auteur de cette mauvaise action ne connaissait ni ce qu'a fait l'écomusée de Santa Cruz, ni Rivière ni Evrard. D'autre part, je peux témoigner que les idées et les pratiques de Rivière et d'Evrard, comme d'ailleurs celles de Paulo Freire et les principes de la Table Ronde de Santiago, sont à la source de tout ce qui a été fait à Santa Cruz, bien avant que cette personne n'y arrive.

Comment les responsables de la conférence de Juiz da Fora, des universitaires habitués à juger de la qualité scientifique des communications qu'ils inscrivent sur les programmes des rencontres qu'ils organisent, ont-ils pu autoriser cela ? J'espère au moins qu'un moyen sera trouvé de rectifier publiquement cette erreur de jugement.

En attendant, j'ai entendu dire que le NOPH-Ecomusée communautaire de Santa Cruz continue son action au service des habitants et du patrimoine de Santa Cruz. Et je suis à la disposition du gestionnaire de l'Ecomuseu (municipal) do Quarteirão cultural do Matadouro de Santa Cruz pour lui expliquer les fondements de l'écomuséologie.

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 15:20
Partager cet article
Repost0