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21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 17:57

Tout le monde maintenant parle de participation et il est vrai que l'évolution des théories et des pratiques de nos démocraties, surtout à l'échelle des territoires, rend l'engagement et l'implication des citoyens dans la solution des problèmes qui les concernent directement, non seulement souhaitable, mais aussi et surtout indispensable si l'on recherche à la fois non pas l'efficacité immédiate mais l'utilité sociale et la soutenabilité à long terme des projets et des actions qui contribuent à la qualité de l'environnement et de la vie de chacun d'entre nous et de nos communautés de proximité.

Des expériences anciennes et d'autres très récentes m'ont amené à réfléchir à la manière dont cette participation, lorsqu'elle est au moins partiellement obtenue, est reconnue et récompensée à sa juste valeur. Certes, on ne manquera pas dans des discours ou des rapports de décrire le degré de participation obtenue, d'en féliciter les acteurs et d'en signaler les effets sur les résultats constatés. Mais ce sont généralement les porteurs de projets, les autorités responsables, les financeurs publics ou privés qui attireront à eux l'essentiel de la lumière, à travers par exemple une inauguration, l'apposition d'une plaque, un communiqué de presse, une exposition et naturellement des publications, scientifiques ou de vulgarisation.

Il est plus rare que des individus, membres de la population, qui ont été associés au projet, qui ont apporté des connaissances ou des savoirs-faire, qui ont contribué manuellement ou intellectuellement, parfois même qui ont été à l'origine de l'action ou déterminants dans son succès, reçoivent en retour le bénéfice social et l'effet d'image qu'ils seraient en droit d'attendre, comme une sorte de droit-d'auteur non financier.

Il y a longtemps que j'ai constaté cette absence de reconnaissance publique, notamment de la part de certains anthropologues, collecteurs d'objets, de musiques, de traditions, preneurs d'images ou de films, qui n'auraient pu rien faire sans des informateurs, des érudits locaux, des musiciens ou des chanteurs, etc. Ils vont publier des articles, des livres, des disques, soutenir des thèses, qui leur assureront la notoriété et faciliteront leurs carrières, mais celles et ceux qui les auront aidés, à part quelques sous si ce sont des "indigènes", ou leurs noms dans des listes en annexe, n'auront que le statut d'informateurs.

Plus récemment, j'ai assisté à la présentation d'une exposition qui relatait une découverte archéologique importante, faite par hasard par deux habitants qui avaient ensuite participé à son étude et à sa mise en valeur, en particulier par des photographies qui avaient rendu possible l'exposition elle-même. Il semblait que, la découverte une fois faite, ses inventeurs n'étaient plus utiles et laissaient toute la place aux spécialistes qui étudiaient et aux politiques qui inauguraient.

Cela m'a rappelé une expérience vécue à l'écomusée du Creusot-Montceau, à la fin des années 1970. Devenu célèbre en France et à l'étranger comme opération innovante et nettement participative, il a attiré de nombreuses équipes de chercheurs universitaires qui trouvaient sur ce territoire une grande richesse pour leurs programmes de recherche ou leurs thèses et qui obtenaient en outre le soutien matériel de l'écomusée et de son personnel, mais surtout un accès au réseau considérable des habitants qui avaient accepté d'apporter leurs mémoires vivantes, leurs savoirs, leurs biens culturels personnels aux activités de leur écomusée. On avait voulu établir un règlement spécial pour les chercheurs, pour encadrer leurs pratiques et les publications qui en résulteraient, dont l'une des clauses principales précisait que les habitants qui auraient participé aux recherches devraient être non seulement consultés sur les textes produits avant publication, mais surtout considérés et reconnus comme co-auteurs (et non pas comme de simples informateurs anonymes). Cette clause n'a jamais été ni comprise, ni respectée par les chercheurs, malgré une première réunion expérimentale très décevante, en 1977, dédiée à l'examen et à la discussion par des groupes d'habitants volontaires des premiers résultats des recherches en cours.

Je crois que l'on peut parler de discrimination : la valeur des savoirs des gens "ordinaires", de leurs compétences professionnelles, de leur mémoire, n'est pas reconnue à égalité avec celle des savoirs académiques. Et surtout, ces gens ordinaires ne sont pas supposés intervenir dans la rédaction finale des articles ou des thèses dont ils ont donné au moins une partie de la matière et parfois même l'essentiel du sens.

Cette question d'un droit d'auteur partagé, ou d'un statut de co-auteur, ne relève sans doute pas (ou pas encore) d'une réglementation quelconque, mais je pense qu'elle devrait faire partie de la déontologie du travail scientifique et des pratiques éditoriales, cela d'autant plus que les co-auteurs non-académiques seraient ainsi obligés à une plus grande rigueur dans leurs contributions, tandis que les co-auteurs académiques devraient se plier à un contrôle d'exactitude sur leurs propres interprétations et conclusions.

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 11:38

Il n'était pas possible de passer à côté du Grand Débat lancé par le gouvernement français, comme une réponse à la crise dite "des gilets jaunes" que nous connaissons depuis maintenant plus de deux mois. Dans un pays comme la France où l'action communautaire est presque inconnue, où la participation des habitants est plus un slogan facile qu'une réalité quotidienne, devant un mouvement populaire essentiellement composé d'individus aux revendications adressées au sommet de l’État faute de pouvoir agir sur la vie quotidienne, ce débat potentiellement collectif, nécessairement identifié à des territoires, est une chance d'inventer de nouvelles manières de faire de la politique. Encore faudrait-il que ce temps de réflexion collective ne reste pas unique et sans suites pour les communautés et les territoires. Il ne suffira pas de répondre d'en haut à des revendications individuelles ou collectives. Il faut que cela devienne une habitude et que les citoyens soient capables de participer à la vie publique, au delà des périodes électorales. Mais comment faire ?

Comme j'avais le droit, comme tout citoyen, d'apporter ma contribution au débat et que je n'avais pas encore trouvé dans mon environnement, de débat local auquel je puisse prendre part, j'ai mis en ligne un petit texte pour proposer quelque chose, à partir de mes expériences professionnelles et personnelles. Comme il y aura sans doute plus de 50.000 contributions, la mienne n'a aucune chance d'apparaître autrement que comme une donnée statistique. Aussi, mon narcissisme me pousse à publier ici ce petit texte, pour en garder une trace. Il n'a rien d'extraordinaire et ne pourrait que servir à une discussion collective avec des gens qui seraient intéressés à aller plus loin et plus profond. En tout cas, le voici.

 

*

 

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?

(Question posée par la plateforme officielle du Grand Débat)

 

C'est le but principal de ma contribution, qui s'inspire de l'expérience des actuels conseils de développement pour les transformer. Depuis les années 1990, des conseils de développement représentent la société civile dans les grandes agglomérations et dans certains "Pays" au sens des lois Pasqua-Voynet. Même si leur valeur et leur efficacité sont inégales, c'est un dispositif intéressant que l'on pourrait reprendre en le généralisant et en en faisant un outil de participation démocratique. Chaque EPCI ou collectivité territoriale, à partir du niveau Communauté de communes, serait doté obligatoirement d'un Conseil de développement de la démocratie participative (CDDP), composé d'un nombre limité de citoyens volontaires représentant les forces vives du territoire et mandatés par elles (associations, institutions publiques et établissements privés, partenaires sociaux).

 

Ce conseil aurait pour fonction de mobiliser, entre deux élections, la participation active des citoyens et des corps intermédiaires :

1. sur les sujets d'intérêt local figurant dans le programme de mandat et surtout sur ceux qui se présentent en cours de mandat (imprévus ou exogènes), pour dégager des avis collectifs, des propositions d'amendements ou de nouvelles décisions, voire des rejets motivés; le CDDP les fera remonter aux élus du territoire et aux administrations compétentes;

2. sur des sujets d'intérêt général issus des niveaux supérieurs de proposition et de décision, dont l'impact se fait sentir sur les habitants du territoire, pour faire émerger des réactions, des opinions, des critiques ou des propositions que le Conseil fera ensuite remonter au niveau pertinent.

 

Au delà de cette fonction, le Conseil aurait la tâche permanente

a. de susciter, par différentes méthodes, issues notamment de l'éducation permanente et de la culture populaire, la capacité de prise collective de responsabilité par les citoyens;

b. d'amener progressivement les instances politiques et administratives du territoire à associer les citoyens ainsi responsabilisés à participer aux affaires publiques, par l'information, la consultation, la concertation et autant que possible par la co-décision.

 

Le Conseil aurait ainsi un rôle global de médiation. Il pourrait être promoteur de référendums d'initiative locale. Les conseils de quartier, en milieu urbain, recevraient le même rôle, en plus de leurs missions actuelles qui sont plus restreintes mais proches dans l'esprit. Je suis évidemment prêt à approfondir cette esquisse, en collectif, avec des personnes qui s'y intéresseraient.

 

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 15:02

J'ai suivi depuis trente ans, de loin ou de près, l'extraordinaire mouvement et les projets de l'association In Loco dans les territoires de la Serra d'Algarve, au Portugal, et plus particulièrement dans la Serra do Caldeirão. On connaît l'Algarve pour ses plages et ses résidences de tourisme, mais toute la chaîne montagneuse au nord de la bande littorale était restée largement ignorée des touristes comme des développeurs officiels. C'est un groupe de militants du développement local qui, à la fin des années 80, a obtenu l'aide de fondations et de l'Europe (notamment le programme Leader et de ses successeurs) et surtout mobilisé les énergies des habitants eux-mêmes et de leurs communautés villageoises et paysannes, pour répondre progressivement aux problèmes de développement social, économique, éducatif, environnemental et culturel de ces territoires.

Je viens de recevoir un appel à célébrer le 30° anniversaire de In Loco et surtout à préparer les nouveaux défis et les nouveaux enjeux qui se présentent. L'ancienne équipe, que je connaissais bien, menée par Prisciila Soares et Alberto Melo, a maintenant cédé la place à une nouvelle que je félicite et que je tiens à encourager dans les perspectives et dans les principes de développement qu'elle affiche dans la continuité de l'effort entrepris il y a trente ans.

Je retranscris ici intégralement le texte portugais de leur appel, car il peut donner envie d'aller plus loin, de consulter le site de In Loco et même d'aller voir sur place ce qui a été fait.

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Venham mais 30!

Desde 1988 a trabalhar para o Desenvolvimento Local e Cidadania

Neste ano em que a Associação In Loco celebra três décadas, é da mais elementar justiça fazer um agradecimento público da dedicação das muitas dezenas de colaboradores que se empenharam ao longo destes anos muito para além do seu dever, apoiando as pessoas e as comunidades locais envolvidos em processos de desenvolvimento sustentado suportado nos recursos materiais e imateriais do seu território. Este reconhecimento profundo é extensível a todas as entidades e organizações parceiras, formais e informais, desde o nível local ao internacional e sem as quais nunca teríamos conseguido concretizar a missão que nos motiva: Promover o desenvolvimento de base local com vista à melhoria da qualidade de vida nas suas múltiplas dimensões.

Para celebrar e retribuir de uma forma singela a confiança que tantas pessoas e organizações depositam em nós, iremos realizar até Agosto de 2019 um conjunto de eventos festivos por todo o território onde a Associação In loco tem uma intervenção mais intensa e próxima da comunidade. Iniciámos estas comemorações a 11 de Julho, em Silves, com a Universidade “Pensar Global Agir Local”, dedicada à produção alimentar. Siga no site www.in-loco.pt os próximos eventos, participe ativamente na sua organização e disfrute da sua realização.

Mas muito mudou nestes últimos 30 anos. Mudou a sociedade, mudaram as ferramentas, mudaram os atores locais e institucionais, mudaram as formas de organização e de intervenção. Por isso, é fundamental que a In Loco mude também, preparando-se e adaptando-se para dar pelo menos nos próximos 30 anos uma resposta ainda mais eficaz e eficiente aos desafios do passado e do futuro e a todas as oportunidades por descobrir e aprofundar. É nesse sentido que propomos implementar algumas estratégias de sustentabilidade:

  • Alargar a base de representatividade, convidando todos os que de alguma forma já foram envolvidos nas iniciativas da In Loco - e que se revêem na nossa visão de um mundo participado, solidário e sustentável - para se proporem como sócios e contribuírem com as suas ideias e energia para o aprofundamento e sustentabilidade deste projeto coletivo;

  • Disponibilizar ao exterior as competências e experiência acumuladas ao longo dos últimos 30 anos, reforçando a prestação de serviços técnicos e científicos à comunidade e às entidades em domínios como a gestão de projetos, estudos, processos participativos, turismo sustentável, dieta mediterrânica, animação local; desenvolvimento sustentável, educação e formação, intervenção social, entre outros;

  • Otimizar as instalações necessárias para uma equipa altamente profissionalizada mas de menor dimensão (20-25 colaboradores), adquirindo instalações melhor adaptadas aos requisitos atuais de espaço e recursos tecnológicos - preferencialmente no centro do Algarve - e alienando as atuais instalações do edifício-sede. Esta operação é igualmente fundamental para diminuir os custos da dependência bancária e aumentar a autonomia financeira indispensável para a realização de investimentos nos projetos nacionais e comunitários em curso ou aprovados;

  • Consolidar a dimensão regional e nacional de muitas das estratégias em curso, assumindo os papéis de mediação institucional e de dinamização de redes de cooperação, essenciais para ganhar escala, projeção e impacte;

Queremos continuar a ser uma “escola de cidadania” e uma plataforma de cooperação onde indivíduos e parceiros institucionais podem conjugar esforços para gerar sinergias e atingir resultados que superam as capacidades individuais.

Contamos contigo para os próximos 30 anos!


Pela Associação In Loco, a Direção,

Artur Gregório, Sandra Rosário, Nelson Domingues, Carla Barros, Vânia Martins

 

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Associação IN LOCO
Avenida da Liberdade, 101
8150-101 São Brás de Alportel
Portugal
Tel. 
(+351) 289 840 860 / (+351) 969 992 240
Fax. (+351) 289 840 879
http://www.in-loco.pt geral@in-loco.pt |  Registo de transparência da União Europeia nº 94248944915-04

 

 

 

 

 

 

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7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 12:05

On sait depuis longtemps que les écomusées et en général les musées communautaires se veulent des outils participatifs du développement de leurs territoires. Pour cela, comme il est normal, ils s'appuient sur la ressource locale qui est celle du patrimoine, au sens le plus large. Puisqu'ils sont communautaires et donc participatifs, il s'appuient aussi sur "les gens", comme acteurs et comme sujets. Nous savons aussi que, parmi les membres de la communauté, il y a des personnes qui sont elles-mêmes des patrimoines vivants, par leurs savoirs, leur contribution au patrimoine immatériel et à la mémoire collective.

Mais ne peut-on aller plus loin ? Je viens de recevoir le dernier numéro de la Lettre de Sol et Civilisation (numéro 56 de septembre 2015). Sol et Civilisation est une association qui regroupe des praticiens et des experts de l'économie rurale et agricole, et du développement local (www.soletcivilisation.fr). Ce dernier numéro porte sur "Ressources humaines et territoire, le défi des compétences". L'éditorial dit: "il n'y a de richesses que d'hommes... dans des territoires".

En lisant les articles dus à des spécialistes très éminents qui n'ont probablement jamais entendu parle de musées communautaires (Truong-Giang Pham, Francis Aubert, Bernard Pecqueur, Pascal Chevalier, René Caspar, Jean-Pierre Aubert), il m'est venu à l'esprit que le musée communautaire, parce qu'il est communautaire et parce qu'il est étroitement lié à son territoire, est très bien placé, non seulement pour inventorier les porteurs du patrimoine immatériel, mais aussi plus largement les compétences des citoyens.

Car ce que cette Lettre nous dit, c'est que les employeurs, de l'agriculture à l'industrie et aux services, sont dans une position difficile en matière de recherche d'une main d’œuvre de proximité qui corresponde à leurs besoins. Et c'est là que l'on doit aller au delà de la recherche de "qualifications" formelles, car elles sont souvent rares en milieu rural ou dans les petites villes. Par contre, on sait qu'il existe des savoirs techniques et d'expérience, des compétences réelles et des capacités (d'adaptation, d'apprentissage), mais ils sont dissimulés, soit par une mauvaise connaissance de la population, soit par un manque de confiance en soi et d'initiative de la part des personnes qui ont ces savoirs, ces compétences ou ces capacités.

Le musée communautaire ou l'écomusée, grâce à sa relation de confiance, directe, effective ou potentielle, avec chaque membre de la population, peut recenser les disponibilités et les mettre en rapports avec les besoins des employeurs. N'est-ce pas une manière d'établir un lien d'utilité sociale avec les acteurs économiques du territoire et de les convaincre qu'ils sont des stakeholders, des parties prenantes du musée, comme celui-ci est partie prenante du développement du territoire ?

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7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 11:31

J'ai appris que, lors de la V° rencontre internationale des écomusées et musées communautaires, tenue à Juiz de Fora (MG, Brésil) du 15 au 17 octobre dernier, une personne se présentant comme gestionnaire pour la ville de Rio de l'Ecomuseu do Quarteirão Cultural do Matadouro de Santa Cruz (RJ) avait osé dénigrer systématiquement les trente années de services à la communauté de Santa Cruz du NOPH (Núcleo de Orientação e Pesquisa Histórica) de Santa Cruz et de l'écomusée qu'il avait créé il y a vingt cinq ans. Je l'avais visité pour la première fois en 1992 et j'y suis revenu une dizaine de fois depuis, en particulier en 2000 et 2004, lors des 2° et 3° rencontres internationales des écomusées et musées communautaires qui s'y sont déroulées.

Non seulement, tout ce que cette personne a dit de cet écomusée est faux, mais encore, et c'est ce que je ne peux pas laisser passer, il a cru bon d'appuyer son argumentation sur Georges Henri Rivière et sur Marcel Evrard. Le premier fut mon prédécesseur et mon mentor comme directeur de l'ICOM, le second fut mon ami et le fondateur et directeur de l'Ecomusée du Creusot-Montceau. J'ai collaboré avec lui pendant plus de dix ans. L'auteur de cette mauvaise action ne connaissait ni ce qu'a fait l'écomusée de Santa Cruz, ni Rivière ni Evrard. D'autre part, je peux témoigner que les idées et les pratiques de Rivière et d'Evrard, comme d'ailleurs celles de Paulo Freire et les principes de la Table Ronde de Santiago, sont à la source de tout ce qui a été fait à Santa Cruz, bien avant que cette personne n'y arrive.

Comment les responsables de la conférence de Juiz da Fora, des universitaires habitués à juger de la qualité scientifique des communications qu'ils inscrivent sur les programmes des rencontres qu'ils organisent, ont-ils pu autoriser cela ? J'espère au moins qu'un moyen sera trouvé de rectifier publiquement cette erreur de jugement.

En attendant, j'ai entendu dire que le NOPH-Ecomusée communautaire de Santa Cruz continue son action au service des habitants et du patrimoine de Santa Cruz. Et je suis à la disposition du gestionnaire de l'Ecomuseu (municipal) do Quarteirão cultural do Matadouro de Santa Cruz pour lui expliquer les fondements de l'écomuséologie.

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12 septembre 2014 5 12 /09 /septembre /2014 16:19

J'ai souvent défendu l'idée que la cohabitation entre communautés d'origines culturelles différentes sur un même territoire nécessitait une connaissance des patrimoines de chacune de ces communautés par les autres. C'est ainsi qu'il est très important que le patrimoine d'une communauté immigrée soit à la fois valorisé aux yeux des membres de cette communauté (question d'auto-estime) et partagé avec dignité et respect par les autres habitants, en particulier ceux de la culture majoritaire, qui ne peuvent que s'enrichir de ces apports exogènes..

Je viens de recevoir une invitation de l'Ecomusée du Fier Monde (Montréal, Québec, Canada) pour une exposition qui va exactement dans ce sens. Il s'agit de rappeler et de mettre en valeur ce qui constitue le patrimoine immatériel, et parfois aussi matériel, des immigrants africains. Arrivés progressivement depuis environ 80 ans, ils constituent actuellement un groupe important à Montréal. Je rappelle que l'individu que nous considérons comme un immigrant est d'abord, pour lui-même, un émigrant qui est engagé dans un processus continu, qui comporte notamment un transfert de biens patrimoniaux et de culture vivante d'un territoire de départ à un territoire d'arrivée.

Pour plus de détails sur cette exposition à Montréal, voir http://ecomusee.qc.ca/evenement/afrika-montreal/

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 13:35

Je viens de recevoir de Teresa Morales (Union de los museos comunitarios de Oaxaca - Meixique) le dernier numéro - très spécial - du Bulletin du réseau des musées communautaires d'Amérique Latine, dont elle est, avec son mari Cuauhtemoc Camarena l'une des fondatrices. Ce numéro rend compte de la dernière (VII°) réunion continentale du réseau, dans la Communaute de Potolo, au coeur des Andes Boliviennes. La rencontre s'est tenue du 25 au 30 mai dernier. Ces rencontres, qui sont à la fois des moments conviviaux, des évènements politiques, des occasions de formation mutuelle, montrent bien que la créativité en matière de patrimoine, de muséologie, d'action communautaire se trouve bien en Amérique Latine. Le monde entier, et pas seulement les gens de musées,, doit connaître ce qui se passe dans ces communautés dont on ne parle pas.

Sur le réseau, consulter:.http://http://www.museoscomunitarios.org/lazos.html

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 15:05

Nous parlions l'autre jour, entre amis, de l'évaluation de nos projets, des institutions dont nous avons la responsabilité, et en général de l'action publique. C'est un thème à la mode. Tous les cahiers des charges comportent une rubrique "évaluation", demandent de définir des "objectifs", des "indicateurs", insistent sur les notions de qualité (de produit, de service), de satisfaction des usagers, etc.

 

Ce que l'on appelle la "crise" (économique? sociale? culturelle?) rend de plus en plus nécessaire cette évaluation, ne serait-ce que pour justifier le soutien de financeurs publics ou privés à nos projets. Nous devons présenter des dossiers convaincants et montrer que nous avons atteint nos objectifs, et aussi que ces objectifs étaient justifiés. Car il ne suffit plus de fournir des bilans basés sur des statistiques plus ou moins fiables.

 

Mais de quels objectifs parle-t-on ? Qui les a fixés ? S'agit-il de constituer une offre (de produits, de services)  dont nous pensons qu'elle répondra à des besoins constatés par nous-mêmes, par nos commanditaires ou par des études savantes ?

 

Ou bien nos objectifs sont-ils de proposer une réponse à une demande émanant d'une partie au moins de la société, qu'il s'agisse d'une catégorie de population, d'un groupe d'âge, d'une communauté sur un territorie, d'une profession, etc. ? C'est à dire est-ce que nous pouvons affirmer, avec un degré raisonnable de certitude, que notre action est utile socialement. J'ai appris de plusieurs expériences récentes (des rencontres sur les modalités de réalisation des agendas 21 locaux en France, tenues à Rezé (Loire Atlantique) en 2011 et 2013, des réflexions collectives sur la pérennisation des politiques culturelles patrimoniales en Europe, au Japon et au Brésil) que cette recherche de l'utilité sociale nécessitait une démarche beaucoup plus exigeante que l'évaluation telle qu'elle est le plus souvent menée par des cabinets spécialisés ou des équipes universitaires.

 

Pour être capable de mesurer l'utilité sociale d'un projet, d'une action ou d'une institution, il faut au minimum:

- associer les bénéficiaires (ou usagers, ou consommateurs) au diagnostic, sous la forme de consultations collectives directes, c'est à dire à l'exclusion de questionnaires nécessairement biaisés et d'échantillons soi-disant scientifiques,

- définir les objectifs à atteindre (primaires, secondaires, implicites, cachés) et les méthodes à employer (y compris les rythmes, les langages, etc.) avec les intéressés eux-mêmes,

- faire accompagner et observer le déroulement de l'action ou le fonctionnement de l'institution par un groupe significatif de la communauté-cible,

- évaluer les résultats de façon contradictoire et autant que possible publique entre les membres de la communauté et les autres parties prenantes.

 

Comme on peut le constater, les mots-clés sont participation et travail collectif. A ces conditions, il sera possible de démontrer la légitimité de l'action, du projet ou de l'institution à cause de son utilité sociale, et de revendiquer une priorité élevée dans les soutiens demandés.

 

Volontairement, je ne parle pas ici de méthodes ou de techniques d'évaluation. Elles sont, elles-aussi, à débattre et à adopter en collectif. Bien entendu, la participation demande du temps, de la patience, de la volonté politique. Mais on peut aussi dire que ce processus est éducatif, en ce qu'il aide les citoyens à prendre conscience de leurs intérêts et à devenir des acteurs responsables de ce qui les concerne au premier chef.

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 08:54

Une des réalisations les plus remarquables de la créativité brésilienne en matière de gestion et valorisation du patrimoine est le MUF, MUseu de Favela, une initiative communautaire qui est née d'un groupe de militants sociaux, artistiques et culturels des favelas de Cantagalo, Pavão et Pavãozinho, à Rio de Janeiro, en 2008. Voir www.museudefavela.org.

 

L'un des points principaux de ce musée est un circuit de visite d'une "galerie d'art à ciel ouvert", qui va de maison en maison dont les façades ont été peintes par des artistes-graffeurs de la favela. Cette galerie est en particulier utilisée pour attirer des touristes brésiliens ou étrangers dans la favela et pour en changer l'image aux yeux tant des touristes que des habitants. J'aime beaucoup cette idée de mixité sociale, artistique et culturelle.

 

Mais j'ai appris récemment une nouvelle qui m'a troublé: une des peintures qui fait partie du circuit artistique du MUF se serait dégradée (le climat de Rio n'est pas favorable à la conservation des revêtements extérieurs des édifices) et on serait en train de la restaurer, c'est à dire de la traiter comme une oeuvre accrochés dans un musée traditionnel. On passerait là de l'art vivant au concept de chef d'oeuvre à conserver. Pourquoi pas ? mais est-ce encore de l'art vivant ? Ne serait-il pas préférable, dans l'esprit même du musée communautaire, de recouvrir cette peinture et de proposer au même artiste ou à un autre de créer une autre oeuvre à sa place, ou encore de laisser ce mur nu et d'en illustrer un autre ? Ou même de laisser la peinture se dégrader naturellement comme les fresques extérieures sur les chapelles italiennes ?

 

Des artistes consacrés font depuis longtemps de l'art "éphémère", pourquoi la galerie du MUF ne serait-elle pas un exemple d'art éphémère ? Cela fait penser à Jack Lang, Ministre de la Culture en France, qui faisait exposer au Musée des Monuments français au Trocadéro des "oeuvres" de graffeurs des années 80. Ou encore aux spéculateurs qui décollaient les affiches de Mai 68 à Paris pour les revendre dix ans plus tard. Je préférais les fresques politiques peintes autrefois par les étudiants des Beaux-Arts à Santiago du Chili ou à Lisbonne à l'occasion des campagnes électorales et qui restaient pendant des années des témoignages "vivants" à la fois de la ferveur politique et de la créativité artistique.

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 08:27

Gilles Pradeau est membre du CA de l'ADELS (Association pour la démocratie et l'éducation locale et sociale). Il m'a envoyé le communiqué suivant, qui pourrait relancer la pratique du budget participatif en France. Il m'a envoyé le texte suivant:

 

 

Le budget participatif des lycées est une innovation marquante en France depuis 2005.

Après plusieurs années de militance à l'ADELS comme d'autres parmi cette liste, j'ai pris l'an passé une année sabbatique pour parcourir la Grande Bretagne et le Portugal et connaître les différentes expériences de budgets participatifs qui s'y déroulent avec des modèles différents.

J'ai décidé en 2013 de m'atteler à la réalisation d'un webdocumentaire consacré aux budgets participatifs des jeunes, à la fois au Portugal, en France et au Royaume-Uni pour boucler ce que j'avais commencé en 2012. L'objectif est de produire toute une série de contenus pour cet automne, en creative commons, pour
animer des débats sur la démocratie locale, l'éducation, la place des jeunes dans nos sociétés en amont des prochaines élections municipales.  

Au Portugal, de nombreuses expériences démarrent dans les villes pour laisser les jeunes décider des projets jeunesses avec des budgets conséquents. Et en France à partir de 2014 grâce à vous ?


Vous aurez toutes les informations sur cette page de financement participatif

http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/apprendre-a-compter

 

Deux exemples :
- Pour 39 €, vous accèdez en avant-première au webdocumentaire avec : les coulisses du tournage, des entretiens sans montage et la possibilité de voter pour certains choix de montage + un DVD, une photo dédicacée du tournage,...
- Pour votre association, vous pouvez d'ores et déjà financer ce film et pouvoir faire venir un membre de l'équipe de tournage pour une projection-débat....

Ce projet a vraiment besoin d'un coup de pouce pour le meilleur départ possible.

 

Gilles Pradeau. Contact: gilles.pradeau@gmail.com

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